A Londres, vendredi 16 juin. | TOLGA AKMEN / AFP

La première ministre britannique, Theresa May, a été prise à partie, vendredi 16 juin, par des manifestants lors d’une visite, qui se voulait discrète, aux victimes de l’incendie de la tour Grenfell, un immeuble de logements sociaux, dans l’ouest de Londres. Ce drame, mercredi 14 juin, avait fait au moins 30 morts, des dizaines de disparus et mis des centaines d’habitants à la rue.

Mme May s’était rendue dès le lendemain près de la tour pour s’entretenir avec des pompiers et des policiers, mais elle n’était pas allée à la rencontre des habitants, suscitant l’incompréhension. La première ministre était déjà politiquement affaiblie par la perte de sa majorité absolue aux élections du 8 juin. Revenue sur place vendredi après-midi, elle a rencontré des survivants dans une église du quartier, lors d’une visite qui n’avait pas été annoncée publiquement, mais dont la nouvelle s’est propagée dans le quartier. Elle en est sortie par une issue latérale, protégée par un cordon policier, conspuée par des manifestants qui criaient : « Honte à vous ! » « Dehors ! » « Lâche ! »

« Ce qui est arrivé est horrible, a déclaré Mme May vendredi. Des gens ont perdu la vie, d’autres ont perdu tout ce qu’ils possédaient. » La première ministre a annoncé le déblocage de 5 millions de livres (environ 5,7 millions d’euros) pour les survivants, et leur a promis un relogement dans les trois semaines, aussi proche que possible de leur ancien logement. Habitants d’une enclave de pauvreté dans un quartier fortuné, certains craignent de ne pas avoir les moyens de demeurer à Londres.

« Pas de justice, pas de paix »

La colère a monté vendredi dans l’après-midi. Des manifestations ont débordé lorsqu’une centaine de manifestants, dont des proches de victimes et des survivants de l’incendie, se sont engouffrés dans la mairie de quartier de Kensington et Chelsea, où se trouve l’immeuble, aux cris de « Pas de justice, pas de paix ». Plusieurs centaines d’autres s’étaient rassemblées à l’extérieur du bâtiment public, dans une atmosphère très tendue.

Le maire de Londres, Sadiq Khan, a estimé vendredi que les habitants étaient frustrés par un manque d’information sur les disparus et de coordination entre les services d’aide. « L’ampleur de cette tragédie s’avère excéder net­tement les capacités des seules autorités locales », a écrit le maire travailliste à Theresa May.

Des habitants reprochent aux autorités locales de ne pas avoir entendu leurs cris d’alerte concernant la sécurité du bâtiment. Nombre d’entre eux ont affirmé qu’il n’y avait pas d’issues de secours, pas d’extincteurs, pas d’alarmes incendie. Selon des experts, les panneaux d’isolation extérieurs installés sur l’immeuble de 24 étages ont pu aider à propager l’incendie d’un étage à l’autre.

Le quotidien The Guardian affirmait vendredi que des panneaux moins coûteux et moins résistants aux flammes avaient été installés lors d’une rénovation achevée en mai 2016. Interrogée dans la soirée sur la BBC, la première ministre a répété qu’elle était « profondément affectée » par les récits « terrifiants » des survivants et a répété sa détermination à les aider.