LES CHOIX DE LA MATINALE

Au menu cette semaine : deux émissions de voyage et de découverte et le témoignage d’un rescapé de la Shoah.

Antoine de Maximy chez les Nicaraguayens

Le voilà reparti, toujours équipé de ses deux caméras paluches fixées sur lui, tentant de s’inviter chez l’habitant pour manger et dormir.

Antoine de Maximy a entrepris une nouvelle saison de voyages qui l’a conduit en Tanzanie, en Thaïlande, en Bosnie-Herzégovine, aux Pays-Bas et… au Nicaragua, sa première étape au cours de laquelle les déconvenues ne manquent pas : deux voitures qui ont un accrochage alors qu’il est en train de savourer son premier repas, un bateau censé le ramener et qui, à 4 heures du matin, est finalement parti sans lui…

Pourtant, au détour d’un marché, dans un centre de soins ou au bord de la mer des Caraïbes, Antoine de Maximy parvient à se faire inviter chez les autochtones. Un défi qui traduit une volonté de « montrer la réalité », selon lui, et le désir de créer un moment de complicité avec des hommes et des femmes qui, comme toujours dans cette série documentaire, devient l’occasion d’un partage de culture. A l’image de cet échange avec une Nicaraguayenne, visiblement étonnée que les fermiers français ne travaillent plus avec des machettes…

Sans jamais porter de jugement ni prétendre véhiculer un quelconque message, Antoine de Maximy montre le monde en dehors des codes touristiques, avec toujours l’objectif de faire voyager les téléspectateurs. Coline Vasquez

« J’irai dormir chez vous », Nicaragua, d’Antoine de Maximy (France, 2017, 105 minutes). Sur Pluzz jusqu’au jeudi 22 juin.

Dechavanne à l’épreuve du « Monde perdu »

À l’Etat Sauvage - Mike Horn - Christophe Dechavanne Très Râleu

Après Michaël Youn en Namibie, M. Pokora au Sri Lanka et Laure Manaudou au Botswana, c’est Christophe Dechavanne qui s’est lancé dans l’aventure de l’émission « A l’état sauvage », au côté de l’explorateur Mike Horn.

Destination : le Venezuela, au cœur d’une région parmi les plus reculées et sauvages de la planète, surnommée le « Monde perdu ». Le but : réaliser à pied et en quatre jours un périple de 45 kilomètres à travers un paysage de montagnes, de rocaille et de forêt tropicale. De quoi faire craquer n’importe quel être normalement constitué, même s’il est sportif, téméraire et entêté.

Christophe Dechavanne n’a donc pas failli à la règle. Tétanisé lors d’une descente en rappel d’une falaise de 200 mètres, épuisé par des heures de marche à travers une végétation dense et hostile, découragé par la pluie et la faim… l’animateur a pourtant tenu bon, parlant trop, râlant beaucoup mais, au bout du compte, heureux et fier d’avoir réussi l’exploit.

Si la trame est identique, et même si l’aventure loin de tout confort et de tout repère provoque certaines réactions identiques d’un « invité » à l’autre, chaque épisode est unique. Dévoilant des paysages à couper le souffle, en même temps que certains aspects méconnus de la personnalité des célébrités volontaires pour cette découverte géographique et intime. Dechavanne bougon, trop bavard, mal embouché comme un gosse – sorte de Louis de Funès confronté à une situation dont il perd le contrôle – fait rire à ses dépens. Et le résultat est assez jouissif. Véronique Cauhapé

« A l’état sauvage », de Fitzgerald Jego (France, 2017, 120 minutes). Sur 6play.fr.

Michael Prazan au nom du père

La Passeuse des Aubrais - Extrait
Durée : 03:24

En 2006, Michaël Prazan parvenait à convaincre son père, Bernard Prazan, longtemps muré dans le silence, de se rendre à l’Institut national de l’audiovisuel (INA), où était réalisée une collecte de témoignages, soutenue par la Fondation de la mémoire de la Shoah. Ce sera l’unique fois où Bernard Prazan – mort en 2011 – acceptera de parler.

Face à la documentariste Catherine Bernstein, il s’entrouvre peu à peu. Au fil des souvenirs, Bernard évoque ses parents, Avram et Estera, immigrés juifs polonais arrivés en France dans les années 1920 ; l’enfance heureuse – il est né en 1935 – qu’il connut dans le 11arrondissement de Paris, jusqu’à la guerre ; les premières rafles qui touchèrent les membres de sa famille, dont son père et sa mère, disparus à Auschwitz.

Avec le témoignage de Bernard Prazan, celui en contrepoint de Thérèse Leopold, la passeuse des Aubrais, que Michael Prazan est parvenu à retrouver, constitue l’autre temps fort de ce film aussi émouvant que dérangeant dans les interrogations qu’il pose sur l’ambiguïté des témoignages et la complexité humaine. Christine Rousseau

« La Passeuse des Aubrais », de Michaël Prazan (France, 2016, 85 minutes). Sur Arte + 7 jusqu’au mardi 20 juin et aussi disponible en DVD sur le site de l’INA.