« Comme dans un parking, en attente » : c’est ainsi que Théo L., 22 ans, décrit sa vie, quatre mois et demi après l’agression policière qu’il a subie à Aulnay-sous-Bois, le 2 février. Trois des quatre policiers qui l’ont frappé lors d’un contrôle d’identité ont été mis en examen pour violence, et le dernier pour viol. Il est accusé d’avoir introduit une matraque dans l’anus du jeune homme, qui était à terre. Ces événements avaient déclenché une vague de manifestations à Aulnay puis dans toute la France contre les « bavures policières ».

« Je ne peux formuler aucun projet »

Dans un entretien à L’Obs, le jeune homme, qui avait dû être opéré en urgence pour une déchirure anale de 10 centimètres et une perforation du côlon, explique que « [sa] vie a changé » : il souffre de sa blessure, ne dort plus que « par tranche de vingt à trente minutes », reçoit chaque jour des soins infirmiers et doit désormais porter une poche, « peut-être à vie ». Surtout, Théo L. a dû renoncer à « la passion de [sa] vie », le football, dont il souhaitait faire son métier.

« Je ne peux formuler aucun projet. Encore moins reprendre mes activités sportives, comme le foot, qui m’avait conduit en Belgique, où je jouais pour le club Hammoir.
[...] J’ai tenté d’en refaire, mais ma blessure me tirait trop et m’a fait souffrir au bout de quelques minutes à peine. J’ai essayé de remonter sur mon vélo, mais j’ai eu trop mal. »

Alors qu’il était hospitalisé, Théo L. avait reçu le soutien de plusieurs personnalités, dont celui du président de la République François Hollande, du footballeur Frank Ribéry et de plusieurs rappeurs (Rhoff, Youssoupha, Kerry James), qui l’ont « beaucoup touché », comme l’aide de sa famille et d’habitants d’Aulnay-sous-Bois.

Une matraque « rentrée dans les fesses »

Détaillant le déroulement de son agression, Théo L. rééexplique, comme il l’avait déjà fait dans un enregistrement audio en février, qu’il a été frappé par un policier, mis à terre et gazé alors qu’il s’interposait lors d’un contrôle d’identité dans la rue. Il décrit ensuite ce que l’enquête a qualifié de « viol présumé » :

« Du coup, je suis penché et je sens mon pantalon tiré vers le bas. Celui qui est dans mon dos est armé de sa matraque. Il ne m’a pas frappé avec. Il me l’a rentrée dans les fesses. »

Le jeune homme se défend d’avoir livré des versions contradictoires des faits : « J’ai toujours répété la même chose, qui a été interprétée de manière différente, en fonction d’intérêts qui me sont étrangers.  »

Quant aux affaires concernant son frère (visé par une enquête préliminaire pour escroquerie), Théo L. dit qu’elles n’ont « aucun lien avec les faits dont [il a] été victime » : « Je connais la vérité en ce qui concerne ce qui m’est arrivé. Pour ce qui concerne mon frère, c’est à lui d’en répondre. »