Jugé en appel, Cédric Herrou n’a pas changé de stratégie de défense : « J’ai transporté des gens, j’aide des gens et il y a des explications. » « J’ai l’impression de faire le travail de l’Etat », a précisé, lundi 19 juin, le militant lors de son procès en appel pour aide à l’immigration clandestine qui s’est ouvert à Aix-en-Provence devant une foule de soutiens.

« Je suis innocent », a fait valoir face au tribunal M. Herrou, 37 ans, dont « la revendication était que les mineurs soient pris en charge par les autorités, et que les migrants puissent faire leur demande d’asile ».

C’est pourquoi, l’agriculteur bio de Breil-sur-Roya (Alpes-Maritimes) a « transporté des gens », des migrants – majoritairement des Soudanais et Erythréens, dont des mineurs – depuis l’Italie et aidé jusqu’à 200 clandestins.

« Je n’incarne pas une lutte » mais « je me sens considéré comme un contrebandier » par la justice « alors qu’on parle de gens », a déploré le militant, condamné en première instance à une peine de 3 000 euros d’amende avec sursis mais relaxé sur le volet concernant l’hébergement dans un bâtiment de la SNCF, avant que le parquet de Nice ne fasse appel.

Célébrer les « Justes »

Pour le soutenir, une centaine de militants de la Ligue des droits de l’homme (LDH), de la Cimade, de La France insoumise et d’Emmaüs se sont rassemblés devant la cour d’appel, lundi, munis de pancartes « La solidarité n’est pas un délit » et derrière une banderole « Je connais ton nom, étranger, tu t’appelles mon frère ».

Parmi eux, Magalie Abenza, avocate spécialisée en droit de la famille et droit des affaires, membre du Syndicat des avocats de France, s’est pour sa part étonnée qu’« au moment où on célèbre les Justes qui agissaient en 1940, aujourd’hui, les mêmes personnes qui viennent en aide aux migrants passent devant un tribunal ».

A la frontière franco-italienne, la situation empire ; depuis janvier, les nombres de migrants et d’accidents mortels n’ont cessé d’augmenter. Lundi matin, un migrant de 27 ans a été retrouvé électrocuté sur le toit d’un train en provenance d’Italie et évacué, en situation d’urgence absolue, à l’hôpital des grands brûlés de Toulon.