Le candidat démocrate, Jon Ossoff, et sa fiancée, Alisha Kramer, rencontrent des bénévoles à Roswell, en Georgie. | JOE RAEDLE / AFP

Deux élections partielles qui ont lieu mardi 20 juin dans les Etats de Caroline du Sud et en Géorgie vont faire office de nouveau test pour l’exécutif républicain. Surfant sur l’impopularité de Donald Trump, les démocrates, en tête dans les sondages en Géorgie, tentent d’en faire une victoire symbolique. Le président américain s’investit lui aussi dans la bataille en incitant les électeurs de son camp à se déplacer afin de voter.

  • Pourquoi des élections anticipées ?

Aux Etats-Unis, les élus n’ont pas de suppléant et des élections ont donc été organisées pour remplacer les quatre parlementaires récemment nommés ministres par le président Donald Trump. Jusqu’ici les démocrates ont échoué dans deux élections partielles convoquées suite à ces nominations, dans le Kansas et le Montana. Il y a de fortes chances que les démocrates perdent également mardi dans la circonscription républicaine de l’Etat de Caroline du Sud.

Le vainqueur succédera à Mick Mulvaney, ancien représentant du cinquième district de l’Etat de Caroline du Sud, qui a laissé sa place vacante en étant nommé directeur du budget de Donald Trump en février 2017.

De son côté, Tom Price représentait depuis 2005 le sixième district de Géorgie, une banlieue d’Atlanta historiquement républicaine. Nommé par le président américain en février 2017, il est devenu secrétaire à la santé et aux services sociaux. Sa place est donc aussi à prendre.

Les démocrates placent ainsi tous leurs espoirs sur l’ex-circonscription du républicain Tom Price. Sa population blanche et aisée semble flirter avec l’envie d’envoyer un message au locataire de la Maison Blanche. Raison supplémentaire pour les démocrates de faire de cette élection un coup d’éclat.

  • Qui sont les candidats ?

Le jeune candidat démocrate, Jon Ossoff, 30 ans, ancien collaborateur parlementaire propulsé depuis quelques mois sous les projecteurs nationaux, a failli gagner dès le premier tour, le 18 avril. Il a remporté 48 % des voix et donné des sueurs froides aux républicains, qui détiennent ce siège depuis près de quarante ans.

Le second tour l’oppose à la secrétaire d’Etat républicaine de Géorgie, Karen Handel, 55 ans, qui a levé moins d’argent que lui, mais a reçu l’appui financier de grandes organisations républicaines nationales.

Six sondages ont été publiés en juin : tous sauf un donnent un avantage à Jon Ossoff, de 1 à 7 points. « Tout dépendra de la participation, tout dépendra de la mobilisation », a répété le candidat ce week-end.

  • Quels sont les enjeux ?

Pour les démocrates, une victoire mardi regonflerait le moral d’un parti encore sonné par la défaite d’Hillary Clinton, et qui a les yeux fixés sur un objectif ambitieux : reprendre la majorité de la Chambre des représentants aux élections législatives de mi-mandat, en novembre 2018.

La nouvelle stratégie du Parti démocrate consiste à porter le fer jusque dans les fiefs républicains. Une tâche facilitée par le dévissage de la cote de popularité du président américain, tombé à moins de 40 % d’opinions favorables.

« Si le Parti démocrate veut se redresser, il va devoir créer une grande mobilisation au niveau local dans chacun des 50 Etats du pays », a insisté dimanche Bernie Sanders, le candidat de la gauche de la gauche aux primaires présidentielles de l’an dernier. En cas de victoire démocrate dans la circonscription de Géorgie, le parti claironnera que la reconquête est en marche.

Côté républicain, Donald Trump lui-même a appelé ses partisans à se mobiliser, soulignant que les enjeux étaient véritablement nationaux. « Les démocrates sont contre les baisses d’impôts, un bon système de soins et la sécurité à la frontière », a-t-il tweeté lundi. « Votez maintenant pour Karen H ».

Après le premier tour, il avait résumé ainsi la course : « Hollywood contre Géorgie », insistant sur les dons démocrates venus du reste du pays dont la Californie.

  • Pourquoi s’agit-il d’une campagne « hors norme » ?

C’est le scrutin le plus cher de l’histoire américaine. Jouant leur « va-tout », les démocrates ont donc choisi d’inonder la circonscription de Géorgie de publicités – à la télévision, à la radio et dans les boîtes aux lettres – quitte à faire monter la facture totale. Les républicains ont été contraint de communiquer et d’investir des sommes importantes pour tenter de rivaliser.

Résultat, tous camps confondus, le coût de la campagne en Géorgie est de plus de 50 millions de dollars, selon le journal local The Atlanta Journal-Constitution. Les dépenses totales atteignent même 59,6 millions de dollars dans cet Etat du sud-est des Etats-Unis, selon l’association Issue One, avec un avantage de plusieurs millions aux démocrates.

Jusqu’à présent, les campagnes les plus coûteuses pour un siège de la Chambre des représentants, la chambre basse du Congrès, engloutissaient une vingtaine de millions de dollars.