Le groupe Parot est le premier gros concessionnaire classique à se lancer dans la vente en ligne de voitures d’occasion. | Zanzicar.fr (Parot)

Dans l’univers discret de la distribution automobile en France, le groupe bordelais Parot fait figure d’outsider. Avec ses 399 millions d’euros de chiffre d’affaires et ses 20 000 véhicules vendus l’an dernier, il reste loin du premier tricolore, la société Gueudet (1,2 milliard d’euros de chiffre d’affaires et plus de 60 000 ventes), et n’est pas encore entré dans le top 10 français.

Pourtant, Parot est certainement le plus actif de ses confrères. Premier groupe de ventes de voitures à réaliser une introduction en Bourse, en octobre dernier (sur le marché secondaire Alternext), Parot devient le premier gros concessionnaire à lancer un site Internet intégralement consacré à la vente de véhicules d’occasion, zanzicar.fr, opérationnel depuis mardi 20 juin.

L’irruption annoncée d’Amazon

Comme tous ses confrères, Alexandre Parot, le PDG de l’entreprise, s’est rendu compte que les particuliers sont de moins en moins nombreux à acheter des voitures neuves en concessions. « On peut résumer la situation avec ce simple chiffre : 85 % des voitures achetées par les particuliers sont des voitures d’occasion », constate le jeune patron (41 ans), qui possède 80 % des parts du groupe avec sa soeur Virginie.

Aujourd’hui en France, 5,6 millions de voitures d’occasion sont vendues chaque année (dont les deux-tiers hors distribution), contre 2 millions de véhicules neufs, achetés pour moitié par des professionnels.  « Nous ne voulons pas laisser ce marché à d’autres », poursuit M. Parot. Les autres, ce sont les gros sites d’annonces en ligne comme Le Bon Coin, La Centrale ou AutoScout24, sans compter l’irruption annoncée d’Amazon, et de sa force de frappe numérique sans égale, dans la distribution automobile.

Reconditionnement des véhicules

Zanzicar aimerait surtout venir titiller Aramis Auto (aramisauto.com), la « success story » française de la distribution d’autos d’occasions en ligne avec ses 30 000 ventes en 2016, dans laquelle PSA a investi à l’automne dernier. « Ce n’est pas tout à fait le même modèle. Je m’inspire plutôt du site américain Carvana [carvana.com], explique M. Parot. Tout ce que vendra Zanzicar sera en stock, ce qui n’est pas le cas d’Aramis. Ceci nous permet de garantir une vente immédiate au client. Mais il faut reconnaître qu’ils ont eu le génie du marketing en mettant en avant ce que toutes les concessions qui vendent de l’occasion faisaient déjà mais sans le dire : le reconditionnement des véhicules. »

« La principale difficulté dans le métier de l’occasion, ce n’est pas de trouver des acheteurs mais des voitures à vendre, souligne Alexandre Parot, PDG du groupe Parot.

Comme son grand rival, Zanzicar promettra à l’acheteur une automobile en bon état, du financement (prioritairement en location longue durée), des contrats d’entretien et des extensions de garantie. Expertise et reprise en ligne seront aussi au programme, mais dans un second temps.

Pour réussir son pari, Parot a préparé le terrain en mettant la main, en mai 2016, sur un négociant auvergnat de voitures d’occasion VO3000. « La principale difficulté dans le métier de l’occasion, ce n’est pas de trouver des acheteurs mais des voitures à vendre, souligne M. Parot. Sans VO3000, qui nous apporte son savoir-faire et son réseau, nous n’aurions pas pu faire zanzicar.fr. »

Un plan global de développement du groupe

Ce lancement, qui a coûté jusqu’ici 1,7 million d’euros, constituera un investissement total à terme de 5 millions d’euros. Il s’inscrit dans un plan global de développement du groupe à l’horizon 2020, qui veut faire de Parot un acteur national (pour le moment le groupe est surtout présent dans le Sud-Ouest et en région parisienne), numérique et – donc – davantage axé sur le marché de l’occasion.

D’ici trois ans, la société d’origine corrézienne espère plus que doubler ses ventes pour arriver à 50 000 véhicules écoulés par an et entrer ainsi dans le top 10 des groupes concessionnaires français. L’entreprise qui est, en France, un distributeur important de Ford, BMW, Mazda et Mitsubishi pour les voitures particulières ainsi que de MAN et Fiat côté véhicules utilitaires, serait également intéressée par une entrée de marques françaises dans son portefeuille.