Le ministre de l’intérieur, Gérard Collomb, qui se rendra vendredi à Calais, a mis en garde contre toute reconstitution dans cette ville de la « jungle », qui serait « la faillite d’un système », dans une interview au Figaro mercredi.

« Je ne voudrais pas qu’il y ait à nouveau sur place 2 000 à 3 000 personnes. Revenir à la situation ante, ce serait la faillite d’un système », affirme M. Collomb, pour qui « la lutte contre les trafics et les passeurs reste le meilleur moyen d’empêcher que ne se reconstitue une nouvelle jungle ». Près de 7 000 personnes avaient été évacuées fin octobre 2016 lors du démantèlement du gigantesque campement calaisien.

Interrogé sur les violences alléguées contre les migrants sur place, M. Collomb a dit avoir « toute confiance en nos forces de l’ordre » pour appliquer « avec discernement » les « consignes de fermeté face aux incidents » mais aussi « de respect des migrants » données par le préfet du Pas-de-Calais, Fabien Sudry.

Celui-ci a confirmé sur France Bleu Nord que Gérard Collomb viendrait « dès ce vendredi » à Calais « pour rencontrer les élus locaux, les acteurs socio-professionnels, les associations également ». La visite intervient dans un contexte tendu : pour la première fois depuis le début de la crise migratoire en 2014, un conducteur routier est mort dans un accident provoqué par un barrage de migrants dans la nuit de lundi à mardi.

Plus d’une trentaine de migrants sont également morts dans le Pas-de-Calais depuis janvier 2015, souvent percutés par des poids lourds en tentant d’y monter.

« Mesures de sécurisation supplémentaires »

Le défenseur des droits, Jacques Toubon a, lui, dénoncé la semaine dernière des atteintes « d’une inédite gravité » aux droits de migrants, qui seraient entre 400 (selon la préfecture) et 600 (selon les associations) sur place. « Nous avons besoin de mesures de sécurisation supplémentaires à Calais, du port, des voies ferrées, des abords des autoroutes », déclare pour sa part M. Collomb, qui ajoute qu’il faudra trouver avec les Britanniques « des conditions plus favorables concernant la prise en charge d’un certain nombre de coûts en France ».

« La situation politique en Grande-Bretagne risque de retarder un peu les négociations, notamment sur la mise en œuvre des accords du Touquet, qui font de Calais le point frontière », a estimé M. Collomb. Mais « remettre la frontière en Angleterre serait complexe », a-t-il averti.

Le ministre a également annoncé qu’il irait « dans les prochaines semaines » voir ses collègues ministres de l’intérieur d’Afrique francophone, et ce alors que l’Italie enregistre une hausse des arrivées de migrants francophones depuis le début de l’année. « Nous allons travailler ensemble avec les pays de transit très en amont pour essayer de démanteler des réseaux », a-t-il indiqué.

A Calais, onze associations et cinquante migrants ont attaqué l’Etat en référé-liberté au tribunal administratif de Lille pour demander au juge d’exiger des autorités le minimum d’humanité, disparue avec la fin de la « jungle » cet automne.