Le premier ministre roumain avant la motion de censure votée au sein du Parlement, à Bucarest, le mercredi 21 juin 2017. | Vadim Ghirda / AP

Le social-démocrate Sorin Grindeanu, premier ministre roumain en place depuis six mois, est forcé à démissionner. La majorité de gauche au pouvoir a adopté, mercredi 21 juin, une motion de censure contre son premier ministre.

Celle-ci, initiée par le chef du PSD Liviu Dragnea, a été adoptée par 241 voix sur 464 parlementaires. Il fallait qu’elle soit votée par au moins 233 députés. Dix élus ont voté contre, tandis que l’opposition de centre droit s’est abstenue, a fait savoir le Parlement.

M. Grindeanu persistait dans son refus de démissionner depuis le 14 juin, date à laquelle la direction du Parti social-démocrate (PSD) avait décidé de saborder son propre gouvernement.

« Risque d’un retour en arrière »

« Nous voulons stopper un gouvernement qui n’a pas respecté le programme et les promesses de la campagne », a déclaré avant le vote le chef du PSD Liviu Dragnea, artisan de la victoire de cette formation aux législatives de décembre dernier. « Laisser les choses continuer de la même manière nous aurait fait aller tout droit à l’échec », a-t-il ajouté.

M. Grindeanu a, quant à lui, jugé « incompréhensible » le dépôt d’une motion de censure contre un gouvernement qui a « bien travaillé ». « Le risque existe d’un retour en arrière, à l’époque d’avant 1989 », année ayant vu la chute du régime communiste de Nicolae Ceausescu, a-t-il mis en garde, en faisant référence au style autoritaire de M. Dragnea.

Le président roumain Klaus Iohannis (centre droit) a aussitôt convoqué les partis politiques pour des consultations lundi prochain en vue de la désignation d’un nouveau premier ministre.

Plusieurs désaccords entre M. Dragnea et M. Grindeanu

Malgré sa large victoire aux législatives de novembre 2016 (45 % des suffrages), Liviu Dragnea n’avait pas pu être nommé premier ministre en raison d’une condamnation au printemps 2016 pour fraude électorale. Celui-ci avait donc proposé comme premier ministre Sorin Grindeanu, inconnu du grand public, censé exécuter ses ordres.

L’une des premières mesures prises par le gouvernement avait d’ailleurs été de dépénaliser, par ordonnance, les délits de corruption causant un préjudice inférieur à 44 000 euros, alors que M. Dragnea avait été condamné pour détournement de 24 000 euros de fonds publics. Cette décision avait poussé des centaines de milliers de Roumains dans les rues de toutes les villes du pays en janvier et février. Face à ce mouvement d’une ampleur inédite depuis vingt-cinq ans, le gouvernement avait fini par reculer.

Aussi, le désaccord entre Liviu Dragnea – qui avait promis de doubler le salaire des fonctionnaires – et Sorin Grindeanu, qui estimait que la situation des finances publiques ne le permettait pas, a exacerbé les tensions entre les deux hommes.