Dans la voiture qui a percuté lundi le véhicule de tête d’un convoi de gendarmes mobiles, sans faire de victime, les enquêteurs ont notamment retrouvé des armes, plusieurs milliers de munitions et deux bouteilles de gaz. | NOÉMIE PFISTER / AP

Quatre jours après un attentat raté contre des gendarmes sur les Champs-Elysées à Paris, François Molins, le procureur de Paris a fait le point sur l’enquête, jeudi 22 juin, au palais de justice de Paris.

Volonté de se rendre en Syrie

Dans « une lettre testament » expédiée « à des proches par la poste le 19 juin », Adam Djaziri, Français de 31 ans, a déclaré « avoir voulu rejoindre la Syrie », « déplorant en avoir été empêché « par des apostats contre l’Etat islamique » », a déclaré François Molins.

Le trentenaire avait effectué trois voyages en Turquie en 2016 sous couvert d’une activité « réelle ou supposée » de négoce d’or, a-t-il précisé.

Arsenal dans la voiture et au domicile

L’auteur de l’attentat raté avait conçu « un dispositif qui, selon toute vraisemblance, avait pour objet de faire de son véhicule un engin explosif », a poursuivi le procureur de la République de Paris.

Dans la voiture, les enquêteurs ont notamment retrouvé des armes, plusieurs milliers de munitions, « deux bouteilles de gaz de 13 kg chacune, pleines et toujours dotées de leur opercule de sécurité » ainsi qu’« une besace calcinée qui contenait de très nombreux projectiles ressemblant à des ogives », a précisé M. Molins. Ils ont aussi retrouvé un briquet dans le vide-poches central et un briquet dans la poche de l’auteur.

Les perquisitions au domicile de l’auteur ont permis de faire d’autres découvertes, notamment huit bidons vides de poudre de rechargement de munitions, de 500 grammes chacune.

Pour les enquêteurs, « cette poudre noire a pu être utilisée » pour confectionner des munitions « mais il convient aussi de relever que cette poudre peut servir à la confection d’un engin explosif artisanal », a expliqué le procureur. Les enquêteurs ont par ailleurs noté « la présence curieuse d’une couscoussière entourée de chatterton pouvant également servir à cette fin ».

Zones d’ombre

De nombreuses zones d’ombres demeurent sur le mode opératoire et la personnalité de l’assaillant. « Quel était donc le projet précis de l’auteur ? Avait-il prédéterminé sa cible ? Avait-il choisi le lieu ? Comment avait-il conçu son dispositif qui, selon toute vraisemblance, avait pour objet de faire de son véhicule un engin explosif ? » Autant de questions sur lesquelles devront se pencher les enquêteurs.

Le procureur a évoqué « un passage à l’acte terroriste », qui, s’il n’a pas fait d’autre victime que son auteur, n’en « demeure pas moins mortifère ».