Christian Jacob, à l’Assemblée nationale, le 21 juin. | CHARLES PLATIAU / REUTERS

Jeudi 22 juin, le patron des députés Les Républicains (LR), Christian Jacob, a jugé « invraisemblable » que les députés La République en marche organisent leur séminaire de rentrée, ce week-end, à la présidence de l’Assemblée nationale, avant même que le titulaire du perchoir n’ait été élu. « Ça me choque au plus haut point qu’un parti politique décide de dire ’’Eh bien voilà, ça, c’est à nous, on s’installe là et on ne demande l’autorisation à personne’’ » s’est-il insurgé lors de l’émission « Questions d’info » sur LCP en partenariat avec Le Monde, France Info et l’AFP.

Y voyant « une très mauvaise manière », le signe « qu’on s’arroge tous les droits », Christian Jacob a invité toutes les formations politiques à la vigilance face « à la tentative de mise sous le boisseau du Parlement par le gouvernement ».

« Ce n’est pas le président de la République ou le premier ministre qui désigne les présidents de groupe, ce sont les députés qui les élisent », a-t-il encore rappelé alors que Richard Ferrand vient de quitter le gouvernement pour prendre la tête du groupe majoritaire.

Dressant le portrait-robot du futur président de l’Assemblée nationale, il a souhaité que la personnalité élue « se montre très attachée à l’institution, à défendre l’autonomie du Parlement et veille à défendre les intérêts des élus de la nation », en prévenant : « La séparation des pouvoirs existe en France, attention à ne pas entrer dans la confusion ! »

« Liste d’attente pour rentrer au gouvernement »

Numériquement, LR est le groupe d’opposition qui pèse le plus à l’Assemblée nationale, mais sur les 113 députés élus, une quinzaine de « constructifs » viennent de rejoindre l’UDI pour former un groupe de soutien au gouvernement

« C’est regrettable et je dis à la quinzaine d’individualités qui sont allés rejoindre l’UDI que s’ils ont envie de revenir dans leur famille, ils sont les bienvenus », a commenté Christian Jacob en préférant manier l’ironie plutôt que l’exclusion :

« J’ai compris que quelques-uns s’étaient mis sur la liste d’attente pour rentrer au gouvernement et que la liste hier a fait beaucoup de déçus. »

Interrogé sur la ligne de LR, le président du groupe a précisé : « Nous sommes clairement dans l’opposition, mais nous n’avons pas de difficultés pour voter un certain nombre de textes. » A propos du vote de confiance que demandera, le 4 juillet prochain, le premier ministre Edouard Philippe, il a ajouté :

« La logique des choses, c’est que bien évidemment on ne vote pas la confiance au gouvernement mais nous avons aussi une ligne qui est la liberté de vote. »

Jugeant « triste pour l’image de la République et de la France qu’un quart du gouvernement soit tombé au bout de cinq semaines » pour cause d’affaires, il a conseillé au président de la République de « reprendre de la hauteur » sur le projet de loi de moralisation de la vie publique :

« Emmanuel Macron a voulu utiliser le projet de loi de manière politicienne pour nous mettre la tête sous l’eau après l’affaire Fillon. La réforme mérite d’être pris à un autre niveau. Ce que je lui propose, c’est de faire ce que Jacques Chirac a réussi au moment de la loi sur le voile : nommer une personnalité de son choix, à la moralité irréprochable, l’entourer de quatre ou cinq grands juristes éminents, demander à chaque groupe parlementaire de désigner une personne et prendre trois mois ou quatre mois en faisant du droit comparé avec les autres pays européens. Le texte aurait alors vocation à être adopté à l’unanimité. »

On peut en déduire que le groupe ne votera pas le projet de loi en l’état.