En 2050 en France, la proportion des seniors sera bien plus élevée que celle des moins de 20 ans, prédit l’Insee. | JEFF PACHOUD / AFP

L’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) a publié, jeudi 22 juin, un ensemble d’études nationales et régionales qui proposent un scénario de la cartographie de la France en 2050. D’ici à trente-trois ans, la population française devrait atteindre 74 millions de personnes, contre 65,8 millions en 2013. Une augmentation que le pays devra à l’évolution de l’espérance de vie – 90,3 ans pour les femmes en 2050, contre 85 ans en 2013, et 86,8 ans pour les hommes contre 78,7 ans – et à l’arrivée de migrants venus d’autres contrées, sans oublier un taux de fécondité que l’Institut envisage stable.

La croissance de la population, ainsi que son vieillissement, concerneront toutes les régions, départements d’outre-mer compris. Seules la Guadeloupe et la Martinique connaîtront une diminution du nombre de leurs habitants, en grande partie à cause d’une migration importante hors de ces territoires. De manière générale, la mortalité en France augmentera, à cause de la disparition progressive des générations de baby-boomeurs nées entre 1945 et 1975.

Tour d’horizon des principaux enseignements de ces études.

  • Plus d’un quart de la population aura plus de 65 ans

La France comptera, en 2050, 20 millions de personnes âgées, soit plus d’un quart de sa population. Les différentes générations de baby-boomeurs vont vieillir et supplanter en nombre les générations suivantes.

Si aujourd’hui les jeunes de moins de 20 ans sont plus nombreux que les seniors, la tendance sera définitivement inversée en 2050. L’Insee a calculé qu’en pratique cela correspondra à un ratio de 100 jeunes ayant moins de 20 ans pour 122 personnes âgées. Un bouleversement complet, le ratio actuel se situant à 71 seniors pour 100 jeunes.

La part des personnes âgées de plus de 75 ans va elle aussi bondir pour représenter un sixième du peuple français, contre 9 % en 2013. Il faut rappeler que les prévisions sur l’augmentation de l’espérance de vie tendent à encourager l’accroissement de cette part de la population.

  • Seule une personne sur deux sera en âge de travailler

Environ 38 millions de personnes auront entre 20 ans et 64 ans en 2050. Si les critères actuels – âge légal de départ à la retraite, âge moyen d’entrée dans la vie professionnelle, etc. – ne changent pas, cela signifie que seul un Français sur deux sera en âge d’être actif. Alors que les différentes générations de baby-boomeurs vont progressivement partir à la retraite, il y aura en France, entre 2013 et 2050, environ 558 000 personnes de moins en âge de travailler.

  • L’Ile-de-France sera la région métropolitaine que les Français quitteront le plus

Comme la quasi-totalité des régions françaises, l’Ile-de-France va connaître un accroissement de sa population, mais celle-ci sera uniquement due à la part plus importante des naissances par rapport aux décès, autrement dit à son solde naturel positif. Ce dernier devrait rester le plus important du pays.

Selon l’Insee, en revanche, entre 58 800 et 70 400 personnes devraient quitter la région chaque année pour aller s’installer ailleurs. En 2050, l’Ile-de-France sera la région française au solde migratoire négatif le plus bas, DOM compris. En cause, le départ volontaire de personnes âgées en quête d’un cadre de vie plus agréable.

« Nous sommes partis du principe que la migration depuis l’Ile-de-France par catégorie d’âge ne va pas évoluer d’ici à 2050. Or, les plus de 65 ans sont l’une des populations quittant le plus la région, explique François Lebeaupin, du service diffusion de l’Insee. En partant du principe que la part des plus de 65 ans va augmenter dans les prochaines années, il est logique qu’ils augmentent de facto le déficit migratoire de la région. »

  • La population de la Corse va augmenter de 20 %

A l’inverse de l’Ile-de-France, la Corse devrait voir son déficit naturel continuer à décliner. Vingt et un pour cent des habitants de l’île avaient plus de 65 ans en 2013 et cette part devrait monter à 35 % d’ici à 2050, soit plus d’un Corse sur trois.

Insee

La raison pour laquelle la population corse va tout de même augmenter sera son solde migratoire positif, d’après l’Insee. « Lorsque les personnes âgées migrent d’une région française à l’autre, ils affichent une préférence pour la côte méditerranéenne. Il est donc logique que la Corse en fasse partie », explique M. Lebeaupin. Des personnes d’autres territoires, comme l’Ile-de-France, vont venir s’installer en Corse, notamment des seniors. Sans cela, la population de la Corse tendrait à diminuer d’ici à 2050.