La cour d’assises spéciale de Paris a prononcé jeudi 22 juin deux acquittements et des peines allant d’un à vingt-huit ans de prison à l’encontre des accusés de la filière djihadiste dite de Cannes-Torcy, pour un attentat à la grenade à Sarcelles en 2012, des projets d’attaque et des séjours en Syrie.

Le verdict est tombé juste après la rupture du jeûne du ramadan, à l’issue de douze heures de délibéré, dans une salle surchauffée. A l’énoncé des peines, largement inférieures aux réquisitions, les accusés semblaient soulagés. Aucun de ceux ayant comparu libres n’iront en détention.

Vingt membres présumés de la filière djihadiste de Cannes-Torcy, un temps considérée comme une des plus dangereuses de France, comparaissaient depuis le 20 avril.

L’accusation, qui les croyait « prêts à recommencer », a demandé des « peines exemplaires », allant jusqu’à la perpétuité pour Jérémy Bailly, l’auteur présumé d’un attentat raté à la grenade dans une épicerie casher de Sarcelles (Val-d’Oise) en 2012. De lourdes peines, de quatorze à vingt ans de prison, ont été requises pour des séjours en Syrie ou des projets d’attaque.

Plusieurs se sont excusés

Avant que la cour ne se retire pour délibérer, la parole a été donnée jeudi matin une dernière fois aux accusés, âgés de 23 à 33 ans, dont dix comparaissent détenus et sept libres (trois sont en fuite) : « Mettre une peine pharaonique à une personne, c’est en faire un dissident, un haineux », a soufflé Jérémy Bailly entre deux sanglots.

Plusieurs se sont excusés pour leur « comportement dans le box », pour avoir parfois ri, bavardé. Ils ont appelé la cour à se garder de toute « passion », alors que trois attentats ont été commis en France depuis le début du procès le 20 avril.

La défense avait aussi exhorté la cour à ne pas juger « dans la peur », à s’arrimer au code pénal pour rendre « la justice » et ne pas partir « en croisade ».

« Chaînon manquant »

Trois ans avant les attentats parisiens de 2015, cette cellule était considérée comme une des plus dangereuses de France. A l’audience, elle a été décrite par les enquêteurs comme « le chaînon manquant » entre le djihadiste toulousain Mohamed Merah et le réseau qui allait frapper la salle de spectacles du Bataclan.

L’attentat de Sarcelles, un crime antisémite et leur principal fait d’armes, n’a pas fait de mort « mais l’intention était bien de tuer », avait martelé l’avocat général Philippe Courroye, fustigeant l’apparente désinvolture de certains accusés, signe selon lui d’une « radicalité » toujours intacte.

En l’absence du chef, tué lors de son interpellation, des peines de deux ans de prison à la perpétuité avaient été requises à l’encontre de la filière djihadiste.