Elément distinctif : une cravate bleue parsemée de petits triangles rouge à l’envers, symbole du danger. Ils étaient une quarantaine à arborer ce signe de reconnaissance parmi les invités à la soirée qu’organisait, jeudi 22 juin, SMB France, la filiale de Safran et du britannique Martin-Baker. Tous sont des militaires membres d’Ejection Tie Club, un cercle créé en janvier 1957 par Sir James Martin, fondateur de Martin-Baker, pour rassembler les pilotes dont la vie a été sauvée par ses sièges éjectables. Leur nombre est tenu à jour sur la page d’accueil du site Internet britannique, qui en recense 7 543.

Du côté français, ils sont 701 depuis le premier éjecté en 1961 à avoir eu cette « grosse peur du coup de pied aux fesses », souligne le général William Kurtz, patron de SMB France qui les invite tous les deux ans, à l’occasion du Salon du Bourget. « Cette fois, il n’y a pas de remise de cravate », ajoute l’ancien pilote de chasse, même si, récemment, quatre expulsions ont affecté des pilotes de Mirage de forces étrangères marocaine, libyenne, pakistanaise et grecque. « Une éjection est vécue comme un traumatisme, c’est violent et soudain », rappelle-t-il.

« Un coup de canon »

« D’ailleurs, je peux même vous dire l’heure exacte, il était 12 heures 10 et 30 secondes », raconte Max, en évoquant son crash du 14 mars 1991. Son avion, un Jaguar, était entré en collision avec des oiseaux. « Il y a eu cette odeur de poulet grillé », se souvient-il, avant d’avoir actionné la poignée d’éjection.

Plus récemment, en juin 2014, une panne du moteur de leur Mirage 2000D a contraint le capitaine Pyl et le commandant Busca, en mission en Afrique, à s’éjecter, l’avion volant à plus de 600 kilomètres-heure. Les chocs sont violents, quand le siège part « c’est un coup de canon, on est propulsé jusqu’à 18g [176 mètres par seconde au carré] », racontent-ils. L’ouverture soudaine du parachute tire les épaules et l’arrivée au sol est brutale, « comme si vous tombiez du deuxième étage d’un immeuble ».

« J’ai vraiment cru que j’allais m’écraser sur la terre »

Tout va très vite, « mais les secondes vous semblent une éternité », commente le capitaine Che. En 2004, son Alpha Jet ayant ses commandes bloquées fonçait en piqué vers le sol. « J’ai vraiment cru que j’allais m’écraser sur la terre. »

Blessés plus ou moins grièvement, tous veulent repartir au plus vite. Pas question pour ces rescapés de jouer les héros, « nous avons simplement appliqué les procédures ». Leurs retrouvailles sont joyeuses et sont une sorte d’exorcisme pour les plus récents. La cravate est aussi un clin d’œil. Le lieutenant de vaisseau Foster qui, en 1990, a dû s’éjecter de son Etendard IV PM tombant en tonneau au-dessus de la Méditerranée, la porte régulièrement. « Un jour, dans une réunion, mon voisin que je ne connaissais pas m’a donné un coup de coude. » C’était un Suisse membre du club.