JEAN-CLAUDE COUTAUSSE / FRENCH-POLITICS POUR LE MONDE

L’objectif est clair : profiter de la reconstruction du Parti socialiste pour le ramener vers la gauche. A la veille d’un conseil national qui doit entériner le fait que le PS entre dans l’opposition au gouvernement, les anciens soutiens d’Arnaud Montebourg, derrière François Kalfon et Yann Galut, ont publié un long texte ayant pour ambition d’« inventer la gauche nouvelle ».

Au-delà de ce mot d’ordre somme toute classique, ces militants et cadres locaux – parmi eux beaucoup de jeunes – entendent peser dans la recomposition en cours au PS. « Il y a urgence » à tourner « résolument le dos à ce qui a conduit [la gauche] dans l’ornière : la dérive libérale, la démagogie, l’outrance, les guerres picrocholines entre egos ou bien son incapacité à proposer une nouvelle vision du monde », écrivent-ils.

Pour ce faire, les amis de l’ancien candidat à la primaire à gauche reprennent les points forts de la doctrine « montebourgeoise » présents dans le « Projet France », le programme de l’ancien ministre de l’économie en vue de la présidentielle, à savoir la prééminence des thématiques économiques autour de la production et de la redistribution et du travail.

« C’est central, on ne peut pas encore attaquer les salariés qui ne sont pas responsables de la crise que l’on vit. On ne croit pas au dépassement du travail mais à sa valorisation », insiste encore M. Kalfon. La défense du « Made in France », du système de santé et de protection sociale, de l’artisanat et des PME ou encore l’économie « collaborative, circulaire et en circuits courts » s’y trouvent également en bonne place.

« Fracture territoriale »

Autre point important dans ce texte : la question des territoires. « Notre pays souffre de trop de verticalité, d’excès et de centralisme. Il faut insuffler davantage d’horizontalité, de logiques collaboratives, d’innovations ascendantes », écrivent ainsi les auteurs du texte. « En province, il y a un sentiment de décrochage, d’abandon », détaille Yann Galut, ancien député du Cher pour qui « la fracture territoriale » est un chantier prioritaire.

Reste à savoir comment cette démarche va s’inscrire dans le chantier de la recomposition du Parti socialiste. MM. Kalfon et Galut l’assurent : ils ne veulent pas partir de la « vieille maison ». Au contraire, toute leur ambition est que le PS se réancre à gauche de l’échiquier politique.

« Le PS ne survivra que s’il est dans la clarté vis-à-vis de ce pouvoir patronal qui prépare la société du précariat. Il doit être dans l’opposition, détaille M. Kalfon. Nous ne sommes pas dans une logique de départ mais dans la restructuration du parti. » « Si le PS ne veut pas mourir, il ne doit plus être dans la synthèse molle », abonde M. Galut.

« Que mille fleurs éclosent ! »

Cependant, pas question de se reposer sur les seules forces du PS. L’un des objectifs de la démarche est d’attirer des personnes extérieures au parti de la rue de Solférino. « Que mille fleurs éclosent ! » lance ainsi M. Kalfon, paraphrasant Mao Zedong. Cette initiative n’est en aucun cas, selon ses initiateurs, le début d’une écurie présidentielle pour Arnaud Montebourg. « Ce n’est pas un fan-club. Il y a une filiation intellectuelle avec lui, reconnaît M. Kalfon qui fut directeur de sa campagne lors de la primaire. On s’appelle tous les jours. Mais on ne sait pas s’il va revenir. »

La traditionnelle fête de la rose de Frangy-en-Bresse, fin août, est annoncée cette année comme un simple rassemblement de ce courant. Interrogé par Le Monde, M. Montebourg a souligné qu’il n’était pas certain de s’y rendre et que, le cas échéant, il n’y prendrait pas la parole. « Cécile Untermaier a été réélue dans mon ancien fauteuil de député de la Bresse, c’est à elle de le faire maintenant », a-t-il précisé.