Alors que les associations dénoncent depuis plusieurs semaines des « entraves répétées » et un durcissement des forces de l’ordre à l’égard des migrants revenus à Calais après le démantèlement de la « jungle » fin octobre, le ministre de l’intérieur, Gérard Collomb, est en visite, vendredi 23 juin, à Calais pour « constater la situation sur place », tout en l’accompagnant d’un message contre tout « appel d’air ».

« Je suis venu pour me rendre compte personnellement de ce qui se passait ici », a-t-il déclaré à son arrivée au port, où il devait rencontrer des acteurs économiques. Interrogé sur son opposition à toute ouverture d’un centre pour migrants à Calais, il a souligné qu’« on voudrait surtout que l’histoire ne se reproduise pas ».

« On a vu que lorsqu’on laissait faire, on commençait avec quelques centaines de personnes et on finissait avec plusieurs milliers de personnes qu’on ne savait plus gérer. C’est pour ça que nous ne voulons pas de centre ici car à chaque fois qu’on a construit un centre, il y a eu appel d’air. »
  • Un plan présenté à Emmanuel Macron « dans les quinze jours »

Le ministre de l’intérieur a annoncé lors de sa visite qu’il allait présenter « dans les quinze jours » un « plan » à propos des migrants au président de la République pour « traiter le problème de l’asile de manière plus facile qu’aujourd’hui ». Entre les diverses procédures, « les gens ici restent dix-huit mois, deux ans, et ensuite ils n’en repartent plus », ce qui crée une « embolisation de l’ensemble des dispositifs », a-t-il déploré, signalant travailler aussi « en amont sur les réseaux de passeurs qui existent en Afrique », « le grand problème » aujourd’hui selon lui.

Emmanuel Macron a « appelé à la plus grande humanité » dans la gestion des migrants, jeudi, et a assuré que la réforme du droit d’asile faisait partie des « priorités du travail gouvernemental », après les critiques renouvelées par le défenseur des droits, Jacques Toubon, s’agissant de Calais.

  • Rencontre avec les forces de l’ordre, les associations et les pouvoirs publics

Ce déplacement, le premier de M. Collomb à Calais, est organisé alors que pour la première fois depuis le début de la crise migratoire un chauffeur routier est mort cette semaine dans un accident consécutif à un barrage dressé sur l’autoroute par des migrants.

Le ministre devait ensuite s’entretenir avec les forces de sécurité au commissariat de la ville, puis rencontrer des associations d’aide aux migrants, qui ont dénoncé début juin des violences policières. Onze associations ont défendu mercredi devant le tribunal administratif de Lille les droits fondamentaux des migrants de Calais, demandant la construction d’un centre d’accueil local.

M. Collomb déjeunera avec la maire de Calais, Natacha Bouchart, le président du conseil régional, Xavier Bertrand, le président du conseil départemental, Michel Dagbert, et le député Pierre-Henri Dumont. Le ministre avait également annoncé son intention d’étendre l’éclairage sur l’autoroute A16, « un investissement de 5 millions d’euros », dans un entretien avec le quotidien régional Nord Littoral. Huit mois après le démantèlement de la « jungle », vaste bidonville où vivaient quelque 7 000 migrants évacués fin octobre, plusieurs centaines d’Erythréens, Afghans et Soudanais errent de nouveau aux alentours de Calais.