De nombreux journalistes entourent Stanislas Guerini et Céline Calvez, députés LRM, font leurs premiers pas à l’Assemblée, le 19 juin. | JULIEN MUGUET POUR "LE MONDE"

C’est devenu une marque de fabrique. La République en marche (LRM) puise dans les méthodes de l’entreprise les ferments de son « renouvellement » affiché. Et les solutions à son déficit d’architecture politique. Après avoir sélectionné ses candidats aux législatives sur CV, lettre de motivation et entretien, un processus de recrutement similaire se met en place à l’Assemblée nationale pour la très stratégique répartition des places en commission.

Mardi 20 juin, chacun des 308 nouveaux parlementaires LRM a ainsi reçu un mail lui proposant d’émettre trois vœux de commissions dans lesquelles il souhaiterait siéger. Des choix que les élus ont dû hiérarchiser et motiver en 500 mots, à partir de leurs compétences, leurs expériences et en détaillant les textes sur lesquels ils entendaient travailler. Ce système a fait sourire plusieurs députés, qui, étant parents, y ont vu la version adulte d’Admission post bac (APB), la procédure d’orientation des élèves de terminale après le lycée.

Sauf qu’à l’Assemblée, point d’algorithme pour répartir les ouailles. On s’approche plutôt du cabinet de recrutement. Les équipes de LRM sont en train d’analyser tous les formulaires. Ils serviront de base à des « rencontres », préalable à la répartition des postes, qui devaient avoir lieu au cours du séminaire organisé les 24 et 25 juin au Palais-Bourbon. « L’objectif c’est de mettre les gens là où ils sont les plus utiles, explique un député LRM de Paris, avec l’idée que c’est la compétence qui prime et qu’il faut mettre le mieux armé pour chaque poste. » Une idée héritée de la « culture managériale » du mouvement qui vient « directement de Macron », poursuit-il. Et un procédé plutôt bien accepté des troupes qui revendiquent d’avoir été investies sur la base de leur expertise de terrain.

Réseaux

Mais le renouvellement des pratiques ne peut pas faire l’économie du politique. Et dans les couloirs de l’Assemblée, certains ont déjà commencé à se placer. « Je travaille mon réseau », confie une députée des Français de l’étranger, qui a profité d’un cocktail organisé au ministère des affaires étrangères pour aller défendre sa candidature pour la commission du même nom. D’autres ont déjà été reçus dans les cabinets ministériels pour se faire connaître. D’autres enfin s’inquiètent de l’identité des futurs cadres du groupe qui pourraient privilégier leurs propres réseaux.

Chaque député a par ailleurs pu, lettre de motivation à l’appui, se porter candidat pour chacune des fonctions-clés de l’Assemblée, des 22 postes du bureau aux présidences de commission. Mais le casting des heureux élus devra répondre aux canons du macronisme : parité, équilibre des différentes forces politiques et représentation de la société civile. « Il y a une volonté d’assurer une part de risque », explique un membre du gouvernement qui espère ne pas donner toutes les clés à des députés sortants, pourtant meilleurs connaisseurs de la mécanique parlementaire.

« Pour les postes de questeurs, ce sera compliqué de ne pas mettre quelqu’un qui a de la bouteille », nuance-t-on. Les trois questeurs auront en charge la gestion administrative et financière de l’institution. Il sera également difficile de ne pas satisfaire aux exigences des alliés du MoDem. Au moment des premières annonces d’investitures pour les législatives, ces derniers avaient su faire entendre leur mécontentement. Chassez la politique, elle revient au galop.