Michel Temer, le 27 juin à Brasilia. | UESLEI MARCELINO / REUTERS

Un genou à terre depuis la demande de mise en accusation pour « corruption passive », déposée lundi par le procureur, le président brésilien contre-attaque avec une verve redoublée. Mardi 27 juin, lors d’un discours de près de vingt minutes, clos par les « bravos » de l’assistance, Michel Temer n’a pas hésité à accuser son accusateur, le procureur général de la République, Rodrigo Janot, d’intentions perverses et d’amateurisme. Un homme qui chercherait une « revanche », la « destruction, la vengeance », estime Michel Temer.

Se disant offensé par une attaque « indigne, injurieuse et infamante », le chef d’Etat estime que le procureur tente par son action de « fragiliser » le gouvernement. En découpant la procédure en trois parties – deux autres demandes de mise en accusation pour « obstruction à la justice » et « participation à une organisation criminelle » sont attendues –, le parquet chercherait à « paralyser le pays ».

Plus grave, Michel Temer insinue que Rodrigo Janot aurait pu toucher de l’argent de la part du propriétaire de l’entreprise de viande JBS, Joesley Batista. Ce prévenu de l’opération « Lava-Jato » (lavage express), scandale de corruption qui éclabousse tout Brasilia, a, lors de ses aveux à la justice, gravement mis en cause le chef d’Etat.

Ouvrant un précédent « gravissime », Michel Temer balaie à nouveau l’hypothèse d’une démission. « Je ne fuirai pas les batailles », a-t-il prévenu. « Je suis fier d’être président. Pour moi, c’est quelque chose de touchant. Je ne sais pas comment Dieu m’a mis à cette place », a-t-il ajouté.

Une première dans l’histoire du Brésil

Le procureur Rodrigo Janot accuse Michel Temer d’avoir reçu de façon indue 500 000 reais (133 000 euros) de la part du richissime Joesley Batista. La conviction du procureur fait suite à la divulgation, mi-mai, de l’écoute clandestine d’une conversation ambiguë tenue entre le chef de l’Etat et ce même Joesley Batista, suivie des confessions de l’entrepreneur et d’une série de rencontres secrètes entre des cadres de JBS et un proche de Michel Temer, filmés en caméra cachée. Dans la foulée, la Cour suprême a ouvert une enquête visant le président pour « corruption passive », « obstruction à la justice » et « participation à une organisation criminelle ».

A en croire Michel Temer, le procureur se comporte comme un inquisiteur et « réinvente le code pénal ». Cette demande de mise en accusation est une « fiction », dit-il encore.

C’est la première fois, dans l’histoire du Brésil, qu’un président en exercice est dénoncé pour un crime de droit commun. Pour stopper la cour de la justice et éviter une destitution, moins d’un an après l’impeachment (mise en accusation) de sa prédécesseure, Dilma Rousseff, Michel Temer a besoin du soutien d’au moins un tiers des députés du Congrès.