Liu Xiaobo se trouve actuellement dans un hôpital de Shenyang, dans le nord-est de la Chine, tandis que sa femme est de fait en résidence surveillée depuis que son mari a obtenu le Nobel de la paix. | VINCENT YU / AP

Le sort du Prix Nobel de la paix 2010 Liu Xiaobo, en liberté conditionnelle et atteint d’un cancer du foie en phase terminale est un sujet de frictions entre Pékin et Washington.

« Aucun pays n’a le droit de s’ingérer ou de tenir des propos irresponsables sur les affaires intérieures chinoises », a rappelé, mardi 27 juin, le porte-parole du ministère des affaires étrangères chinois, Lu Kang. « La Chine est un pays régi par l’Etat de droit, où tout le monde est égal devant la loi. Tout pays devrait respecter la souveraineté judiciaire de la Chine, et ne pas se servir de cas individuels à des fins d’ingérence », a souligné M. Lu.

Demande de l’ambassade des Etats-Unis

Cette réaction survient quelques heures après une intervention de Mary Beth Polley, la porte-parole de l’ambassade des Etats-Unis en Chine : « Nous appelons les autorités chinoises non seulement à libérer M. Liu, mais aussi à libérer sa femme, Mme Liu Xia, de la résidence surveillée dont elle fait l’objet », a-t-elle demandé.

La Chine doit fournir au couple « la protection et la liberté comme la liberté de mouvement et l’accès aux soins médicaux de son choix auxquels ils ont droit en vertu de la Constitution et du système juridique chinois et des obligations internationales », a ajouté Mme Polley.

Vidéo de Liu Xia, l’épouse de Liu Xiaobo

Dans une vidéo partagée lundi soir sur les réseaux sociaux, Liu Xia, l’épouse de Liu Xiaobo, a tenu des propos alarmants sur l’état de santé du dissident : « On ne peut pas l’opérer, on ne peut pas lui administrer une radiothérapie ni une chimiothérapie », a-t-elle déclaré, en pleurs, sans plus de précisions. La famille du dissident confirme l’authenticité du message. L’homme serait soigné au moyen d’une thérapie ciblée.

Agé de 61 ans aujourd’hui, Liu avait été condamné en 2009 à onze ans de prison pour « incitation à la subversion contre le pouvoir de l’Etat » en raison de sa participation à la rédaction de la Charte 08, un manifeste réclamant l’instauration de réformes démocratiques en Chine. L’avocat du dissident a annoncé lundi que son client avait été remis en liberté conditionnelle afin d’être hospitalisé et soigné.

Hospitalisé à Shenyang

Liu se trouve actuellement dans un hôpital de Shenyang, dans le nord-est de la Chine, tandis que sa femme est de fait en résidence surveillée depuis que son mari a obtenu le Nobel de la paix. Liu et sa femme souhaitent regagner Pékin pour qu’il s’y fasse soigner, mais les autorités refusent. L’administration pénitentiaire a annoncé qu’il était actuellement traité par une « équipe de huit oncologistes réputés » dans un centre hospitalier universitaire de Shenyang.

A Hongkong, 70 personnes ont manifesté mardi en réclamant la liberté totale et immédiate pour Liu, scandant des slogans hostiles au gouvernement chinois, qu’ils ont qualifié d’« assassin ».