Des militaires congolais en décembre 2013. | Kenny Katombe/REUTERS

Le Bureau de l’ONU aux droits de l’homme en République démocratique du Congo (BCNUDH) a regretté, lundi 26 juin, la décision d’un tribunal militaire du Kasaï de ne pas poursuivre pour « crime contre l’humanité » sept militaires congolais poursuivis pour le meurtre de civils dans cette région du centre du pays.

« Nous regrettons la décision » de la justice militaire de ne pas poursuivre pour « crimes contre l’humanité », a déclaré à l’AFP José-Maria Aranaz, directeur du BCNUDH, les sept militaires jugés pour avoir perpétré et filmé ce qui apparaît comme un massacre dans le village de Mwanza Lomba, au Kasaï-Oriental. Sur les images, on distingue nettement des militaires tuant de civils armés de bâtons. La vidéo avait largement été diffusée sur les réseaux sociaux en mars.

« Juger ces crimes est une manière de prévenir d’autres violations de droits de l’homme et l’usage excessif de la force par les forces armées », a-t-il ajouté.

Les sept militaires dont le procès a débuté le 5 juin étaient poursuivis pour « crimes de guerre par meurtre, mutilation, traitements cruels, inhumains et dégradants et refus de dénonciation d’une infraction commise par des militaires » dans cette région où l’armée est engagée contre une rébellion.

Samedi, le tribunal militaire de Mbuji-Mayi a abandonné la charge de « crime de guerre », ne retenant que les « meurtres, dissipation de munitions et outrage ».

« Usage disproportionné de la force »

« Les charges de crime de guerre qui sont tombées peuvent être justifiées parce qu’il n’y a pas de conflit déclaré dans le Kasaï, a commenté M. Aranaz. En revanche, il aurait été important que l’accusation de « crime contre l’humanité » soit retenue contre ces soldats, car cela aurait constitué « un signal fort en direction de tous ceux qui sont impliqués dans les violences au Kasaï ».

Depuis septembre 2016, quatre provinces du centre de la RDC sont secouées par des violences qui impliquent des miliciens, des soldats et des policiers, après la mort lors d’un assaut policier en août du chef traditionnel Kamwina Nsapu qui défiait le pouvoir de Kinshasa.

Ces atrocités ont causé la mort de plus de 3 000 personnes, selon l’Eglise catholique congolaise, et fait plus de 1,3 million de déplacés. Deux experts onusiens, missionnés par le secrétaire général de l’ONU pour enquêter sur ces violences, y ont été assassinés en mars dans des circonstances qui restent troubles.

L’ONU accuse les rebelles Kamwina Nsapu d’enrôler des enfants dans leurs milices et d’avoir commis des atrocités, mais dénonce également l’usage disproportionné et indiscriminé de la force par l’armée congolaise « ainsi que la mobilisation et l’armement des milices supplétives » par les autorités.

Le BCNUDH estime que « les officiers doivent garantir l’usage proportionné de la force par des éléments, militaires ou policiers, sous leur commandement », balayant tout argument qui consiste à attribuer ces excès à « des éléments isolés de l’armée ». Le verdict est attendu le 1er juillet.