Béatrice Huret, le 27 juin à Boulogne-sur-Mer. | PHILIPPE HUGUEN / AFP

Coupable, mais pas sanctionnée. Pour avoir aidé un Iranien à passer en Angleterre en bateau « par amour », Béatrice Huret a été jugée coupable d’« aide à l’entrée, à la circulation ou au séjour irrégulier d’un étranger en France » par le tribunal correctionnel de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais), mardi 27 juin. Mais la justice a cependant décidé de dispenser de peine cette femme de 44 ans.

Les magistrats n’ont pas retenu les circonstances aggravantes de « bande organisée » ou de « mise en danger d’autrui ». Béatrice Huret s’est dite « soulagée » par cette décision, alors que le ministère public avait requis un an de prison avec sursis à son encontre. « C’est logique » d’être déclarée coupable, a-t-elle dit : « depuis le départ, j’assume mes actes. »

« La solidarité est louable, mais pas à n’importe quel prix et dans n’importe quelles conditions », avait estimé la procureure de Boulogne, Camille Gourlin, au sujet de l’organisation de cette traversée en juin 2016. Les gardes-côtes britanniques avaient sauvé in extremis les passagers de l’embarcation après cinq à sept heures de dérive en mer.

« Ils ont dérapé »

Comme Béatrice Huret, Laurent Caffier, un No Border qui avait également participé à l’acquisition du bateau qui avait permis à des Iraniens de traverser la Manche en juin 2016, a été jugé coupable et dispensé de peine.

« Les juges ont vu que ce n’était pas du profit mais qu’on avait agi par humanité. Je suis dispensé de peine mais je suis quand même condamné », a dit Laurent C. « Tant qu’il y aura des gars sur la “jungle”, il y aura toujours le même problème et des gens comme moi qui vont y aller et l’histoire va recommencer », a-t-il ajouté.

Certes, Mme Huret, 44 ans, et Laurent C., autre prévenu qui a aussi aidé à l’achat du bateau de plaisance et qui a fait l’objet de la même réquisition, n’ont touché « aucune rémunération », mais « ils ont dérapé », et ce, même « s’ils avaient des intentions humanitaires », avait estimé pour sa part la procureure.

Cette dernière avait aussi tenté de minimiser l’importance du sentiment amoureux qui aurait animé Béatrice Huret, notant qu’elle ne s’était pas « contentée du passage de son propre amoureux » mais qu’elle avait aussi aidé à faire passer d’autres migrants, et ce même après l’arrivée de Mokhtar en Angleterre.

Dans le même temps, le tribunal a condamné à six mois de prison avec sursis Ghizlane Mahtab, une Calaisienne qui a effectué quatre passages de migrants en voiture. Son compagnon, l’Iranien Mohammad G., qui avait fait passer des amis contre rémunération vers l’Angleterre, a, quant à lui, été condamné à trois ans de prison, dont seize mois avec sursis.