L’avis du « Monde » – pourquoi pas

Venu des arts plastiques, le couple Della Negra/Kinoshita s’aventure volontiers sur le terrain de l’image qui bouge, entre les deux eaux du documentaire et de la fiction. Auteurs notamment de The Cat, the Reverend and the Slave (une évocation de la vie de quelques Américains sur le site de réalité virtuelle Second Life, également sorti en salle, en 2010), la question du rapport de la réalité et de l’imaginaire, et plus encore de ce qui dans l’une regarde l’autre et réciproquement, les occupe tout particulièrement.

Nouvel avatar de cet intérêt, une manière d’immersion chez Raël, prophète autoproclamé de l’existence et du message extraterrestres, personnellement éprouvés. Profitant d’un « summer camp » de l’organisation localisé en Croatie, les auteurs y ont envoyé quelques acteurs se mêler aux sectateurs pour y faire, grosso modo, la même chose qu’eux.

Relaxation cosmique

Dans l’environnement d’une sorte de résidence de loisirs de luxe, sous le soleil estival, des séances de relaxation cosmique, des approches charnelles ininterrompues, des animations nombreuses, des confessions collectives, des communions par visio-conférence avec le maître qui délivre la bonne parole raélienne. On imagine que, dans l’esprit des réalisateurs, la chimie de cette petite expérience de laboratoire était destinée à révéler quelque chose de notre rapport au monde comme construction imaginaire.

Il n’est pas certain toutefois que le dispositif choisi pour susciter ce sentiment soit opératoire. Perdus parmi les bienheureux raéliens, cherchant en vain le mimétisme de la béatitude qui les anime, les acteurs semblent plus embarrassés d’eux-mêmes qu’autre chose. La dimension critique qu’on était en droit d’attendre de l’œuvre en est à peu près ruinée et c’est dommage.

Bande Annonce Bonheur Academie

Film français d’Alain Della Negra et Kaori Kinoshita. Avec Laure Calamy, Arnaud Fleurent-Didier, Benoît Forgeard (1 h 25). Sur le Web : www.epicentrefilms.com/Bonheur-Academie-Alain-Della-Negra-et-Kaori-Kinoshita