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La métropole du Grand Paris - jeune structure territoriale regroupant Paris et 130 communes de son pourtour - veut faire du numérique sa marque de fabrique. « Grand Paris Métropole Tech », sa plate-forme lancée le 15 juin par son président Patrick Ollier (LR), à l’occasion du salon mondial des start-up Viva Technology 2017, vise à favoriser les rapprochements entre les jeunes pousses du numérique et les investisseurs, à l’échelle de son territoire. Or, Paris et la région Ile-de-France se sont déjà dotées, depuis quelques années, de structures d’accompagnement des start-up innovantes et de mise en relation avec les grands groupes. Bien que chacun revendique sa spécificité, des chevauchements sont néanmoins prévisibles.

Maillon du schéma métropolitain d’aménagement numérique en cours d’élaboration, la plate-forme « Grand Paris Métropole Tech » repose sur une application, conçue par la start-up Vooter et téléchargeable sur un smartphone. Elle doit permettre à chaque adhérent d’être consulté sur tel ou tel sujet, et d’être informé de telle ou telle opportunité d’affaires en fonction de sa spécificité.

« Nous avons lancé une grande consultation européenne d’urbanisme appelée Inventons la métropole du Grand Paris. Nous souhaitons que les start-up qui travaillent sur la smart city de demain s’impliquent dans cet appel à projets. Nous avons à cet effet organisé quatre meet-up” (forums de rencontres) pour faciliter les rapprochements. Et aujourd’hui, il nous paraît important de structurer cette communauté, explique Daniel Georges Courtois, vice-président de la métropole, délégué aux nouvelles technologies et à l’aménagement numérique. L’idée est que tous les projets structurants du Grand Paris puissent être, pour ces acteurs, des opportunités de se développer. Et, en mutualisant et diffusant les bonnes pratiques, la plate-forme pourra devenir un centre de ressources pour les collectivités de la métropole, à la recherche de solutions. »

Expérimentations in vivo

Vecteur des mutations de la ville, l’innovation est désormais au cœur des préoccupations des collectivités. Leurs efforts en faveur des start-up portaient surtout, au départ, sur l’offre de locaux. Ils se sont étendus, au cours des dix dernières années, à une gamme de services visant à les soutenir dans le mûrissement et l’expérimentation in vivo de leurs projets, comme le soulignent Anne-Marie Villot de l’Atelier parisien d’urbanisme (Apur) et Odile Soulard de l’Institut d’aménagement et d’urbanisme de l’Ile-de-France (IAU) dans leur récente publication « Terres d’innovations. Paris - Métropole du Grand Paris - Région Ile-de-France »,

Agence de développement économique de la capitale, Paris & Co anime notamment un réseau d’incubateurs spécialisés (tourisme, industrie culturelle, immobilier, économie circulaire, etc.). Sous sa houlette, les start-up bénéficient d’un hébergement, d’un accompagnement pour développer leur marché, de la possibilité de tester leurs prototypes ou services et de participer à des appels d’offres. En dix-huit ans, près de 700 entreprises innovantes ont ainsi été aidées, voire financées par quelques-unes des soixante-dix entreprises ou institutions partenaires, affirme Paris & Co. Prochain membre de ce réseau, la Station F, incubateur conçu et cofinancé par Xavier Niel (actionnaire à titre individuel du Monde), sera inaugurée le 29 juin.

Tiers de confiance

De son côté, l’Ile-de-France, qui ambitionne de devenir la première « smart région » d’Europe, a mis en place, en partenariat avec BPI France (banque publique d’investissement), le dispositif Innov’up. Il offre aux entreprises une aide sur mesure tout au long de leur parcours, du stade de projet à la commercialisation. Un des pôles de compétitivité qu’elle soutient, Cap Digital, regroupe et met en lien plus de 1 000 structures de la sphère numérique, start-up, TPE, PME, grands groupes, laboratoires de recherches et établissement de l’enseignement supérieur.

« La force d’une structure comme Cap Digital est d’être un tiers de confiance, affirme son délégué général Patrick Cocquet. Dans les rapprochements que nous favorisons, le facteur humain ainsi que la connaissance que nous avons des envies et projets de développement de tel entrepreneur ou tel chef d’entreprise sont essentiels. » Ce que la métropole ne sera pas en mesure d’apporter, faute de disposer pour le moment de moyens conséquents.

« En matière d’innovation, nous assistons à un bouillonnement. Toutes les initiatives qui permettent de mettre en lien les acteurs de cette innovation, sont bonnes à prendre, estime cependant Karine Bidart, codirectrice de Paris & Co. Numérique, la plate-forme de la métropole peut venir compléter l’action de terrain que nous développons. »

Open data

Pour Bernard Giry, conseiller numérique et Innovation de Valérie Pécresse, présidente (LR) de la région Ile-de-France, « l’essentiel est que tous ces outils soient en open data. Plus il y aura de monde convaincu qu’il faut sortir de l’opacité les données pour accélérer la transition numérique, mieux ce sera ». Le conseil régional constitue actuellement une « méta-plate-forme » qui rassemblera l’ensemble des données, en accès libre, sur les différents acteurs qui œuvrent dans les domaines de compétence de la région (tourisme, qualité de l’air, transports, lycées, etc.) Objectif : simplifier les démarches des Franciliens et susciter l’innovation et le développement des start-up qui en « feront bon usage ».

A l’instar de Bernard Giry, Jean-Louis Missika, adjoint à la maire socialiste de Paris, Anne Hidalgo, chargé de l’urbanisme, du développement économique et de l’attractivité relève néanmoins un besoin : « Il faudrait que tous, nous nous entendions sur un nom, une marque commune, afin d’accroître notre visibilité à l’international. » Pour les investisseurs étrangers que chaque structure appelle de ses vœux, cette profusion de structures est susceptible de rimer avec confusion.