Réduction des durées d’hospitalisation, promotion des génériques, maîtrise des coûts de transport… La Caisse nationale d’Assurance maladie (CNAM) a dévoilé jeudi 29 juin les mesures qu’elle entend mettre en œuvre l’année prochaine afin d’améliorer « l’efficience du système de santé ». Objectif : 1,94 milliard d’euros d’économie en 2018 pour faire face à la hausse annuelle prévisible des dépenses de santé. Le montant des économies est légèrement supérieur à celui de 2017 (1,4 milliard d’euros) mais il englobe cette année la lutte contre « la fraude et les abus en ville et à l’hôpital » pour un montant de 210 millions d’euros.

L’annonce de ce montant intervient alors que le plafonnement des dépenses d’assurance maladie pour 2018 n’a pas encore officiellement été confirmé à 2,3 %, comme Emmanuel Macron s’y était engagé pendant la campagne présidentielle. Cet objectif national des dépenses avait été fixé à 1,75 % en 2016, puis relevé à 2,1 % en 2017.

  • Expérimentations de la chirurgie au forfait

Pour la première fois, l’Assurance maladie propose d’expérimenter le paiement au forfait d’un « épisode de soins » lié à un acte chirurgical. En clair, au lieu de payer au coup par coup la pose d’une prothèse de hanche, puis les interventions suivantes dues à des complications et à des reprises, l’Assurance maladie se dit prête à payer d’emblée un peu plus cher les soins en ville et à l’hôpital liés à l’intervention à condition de ne plus financer ensuite les éventuelles opérations de reprise. Ce mode de financement inédit pourrait être testé dès 2018 pour une durée de trois ans dans trois ou quatre régions – soit 30 000 à 40 000 patients par an – et aurait ensuite vocation à être étendu à d’autres pathologies, comme les pathologies cardiaques. Suite à la mise en place de ce forfait en Suède, le taux de reprises pour prothèse de hanche a diminué de 26 % en quelques années, fait valoir la CNAM. Transposée en France, une telle baisse se traduirait par une économie de 9 millions d’euros.

  • Expérimentation

L’Assurance maladie souhaite la mise en place d’un « cadre juridique générique » pour faciliter la mise en place d’expérimentations en matière d’organisation des soins et ainsi plus facilement faire évoluer le système de soins. Ce cadre « permettrait de déroger au droit commun, en ce qui concerne les modalités de financement et d’organisation ou le partage de compétences entre acteurs ». La CNAM plaide également pour la mise en place d’un fonds national qui permettrait de financer des expérimentations à grande échelle.

  • Télémédecine

« Le déploiement de la télémédecine, notamment en ville, se heurte à l’absence d’un cadre stable et pérenne », déplore la CNAM. Pour accélérer son développement, comme l’a annoncé Emmanuel Macron lors de la campagne présidentielle, l’Assurance maladie propose donc que « le financement des actes s’inscrive dans le cadre tarifaire de droit commun, selon des modalités à définir avec les acteurs concernés, dès 2018 ».

  • Médicaments

Les plus fortes économies (750 millions d’euros) sont attendues sur le poste des médicaments grâce à de meilleures prescriptions ou à la promotion des génériques et biosimilaires.

  • Recours aux urgences

Pour alléger le recours aux urgences, dont la fréquentation croît chaque année en moyenne de 2,5 %, la CNAM propose le développement « d’alternatives de ville » aux urgences hospitalières « disposant d’un plateau technique et capables de mobiliser rapidement des avis spécialisés avec des amplitudes horaires larges ». Elle souhaite également mieux identifier les motifs de consultation aux urgences.

  • Hospitalisation

La CNAM espère doubler – de 15 000 à 35 000 – le nombre de femmes rentrant à leur domicile avant les 72 heures du nouveau-né tout en bénéficiant d’un « suivi attentionné » d’une sage-femme dans les quarante-huit heures après la sortie de la maternité, ce qui représenterait 47 600 journées d’hospitalisation évitées, et une économie de 23,5 millions d’euros. L’Assurance maladie mise également sur une réduction d’1,5 jour de la durée moyenne de séjour pour les prothèses de genou et de hanche, soit 45 millions d’euros d’économie.