Octave Klaba, le fondateur de OVH, en 2011. | PHILIPPE HUGUEN / AFP

Spécialiste français du cloud, OVH a annoncé jeudi 29 juin qu’il s’était assuré une ligne de financement de 400 millions d’euros auprès d’un groupe de plusieurs banques conduit par la Société générale. Cette opération doit permettre au numéro trois mondial de l’informatique dématérialisée de poursuivre sa croissance.

L’annonce intervient alors qu’OVH a réalisé, en octobre 2016, une levée de fonds de 250 millions d’euros. A cette occasion, les fonds d’investissement KKR et Towerbrook sont entrés au capital de la société de Roubaix. Du côté d’OVH, on assure qu’il s’agit avant tout d’une opportunité, les taux étant particulièrement bas.

« Cela ne veut pas dire que l’on a besoin aujourd’hui de cet argent. Mais nous pouvons en disposer, selon nos besoins, dans les cinq à sept années à venir », précise Nicolas Boyer, le directeur financier de l’entreprise. Un besoin qui ne devrait cependant pas manquer à se faire sentir dans un secteur très gourmand en capitaux, afin de pouvoir déployer régulièrement de nouveaux data centers et ainsi profiter de la croissance du marché. Cette solution permet aussi de ne pas diluer davantage le capital d’une société « qui a vocation à rester familiale », autour de son fondateur Octave Klaba.

Un plan d’investissement de 1,5 milliard d’euros

Ce n’est pas la première fois que OVH recourt à l’emprunt pour assurer son développement. En juin 2013 et décembre 2014, déjà, la société s’était tournée vers les banques pour emprunter 140 puis 267 millions d’euros. Elle assure, pourtant, sans donner de chiffres, que son taux d’endettement se situe à un « ratio normal », et fait valoir par ailleurs que son chiffre d’affaires continue de croître. Ce dernier se situait à 400 millions d’euros en 2016 et l’objectif est de le porter aux alentours du milliard en 2020.

Pour se faire, OVH a annoncé l’an dernier un plan d’investissement de 1,5 milliard d’euros sur cinq ans afin de se développer notamment à l’international. Cela s’est traduit ces derniers mois par l’ouverture de data centers en Australie, à Singapour, en Pologne et aux Etats-Unis avec deux nouvelles implantations. Sont déjà programmés de nouveaux équipements en Allemagne, en Grande-Bretagne, en Italie et en Espagne.

La concurrence d’Amazon et de Microsft

Cette stratégie vise à consolider la place d’OVH comme premier hébergeur européen de sites Internet, et d’accentuer la présence de la marque dans le monde de l’entreprise.

Si OVH – l’une des deux seules licornes françaises avec le spécialiste du covoiturage Blablacar (soit une start-up dont la valorisation excède le milliard de dollars) – a sans conteste réussi à se faire une place parmi les géants du cloud, la société doit aussi affronter la concurrence de ses rivaux, Amazon Web Services et Microsoft Azure, dont les moyens sont autrement plus considérables que les siens.

A l’heure où la question de la souveraineté des données est aujourd’hui un sujet particulièrement sensible pour les utilisateurs du cloud, OVH se trouve concurrencée sur son propre territoire par ses deux rivaux, qui ont annoncé l’ouverture en 2017 de leurs premiers data centers en France. « Aux clients de décider si un acteur américain qui intervient en Europe et un acteur européen qui intervient en Europe, c’est du pareil au même », préfère croire Nicolas Boyer.