Les présidences des huit commissions permanentes de l’Assemblée nationales ont été attribuées, jeudi 29 juin, par les membres de ces commissions. Au sein de ces commissions sont discutés et amendés les textes de lois avant d’être soumis aux votes des députés. La parité a été respectée, quatre hommes et quatre femmes ont été désignés :

  • Commission des finances : Eric Woerth (LR)

Eric Woerth le 27 juin à l’Assemblée. | GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP

Spécialiste des finances publiques, Eric Woerth devient le seul membre de l’opposition à hériter d’une présidence de commission à l’Assemblée nationale. A 61 ans, le député Les Républicains (LR) de l’Oise est promu à la tête de celle des finances, un poste crucial, qui revient à l’opposition depuis 2009. Réélu pour un quatrième mandat de député dans la 4e circonscription de l’Oise face à une candidate macroniste, cet homme discret a occupé plusieurs postes gouvernementaux sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy, dont il a été un soutien fidèle à partir de 2002, après avoir démarré sa carrière nationale aux côtés de Jacques Chirac et d’Alain Juppé.

Ministre du budget de 2007 à 2010, puis du travail, M. Woerth a dû quelques mois après quitter le gouvernement en raison de sa mise en cause dans l’affaire Liliane Bettencourt, avant d’être finalement relaxé en mai 2015. Ces dernières semaines, il a indiqué sa volonté de piloter la commission des finances de manière « plus politique » que sous la présidence de son prédécesseur Gilles Carrez, lui aussi député LR.

  • Commission des affaires culturelles : Bruno Studer (LRM)

Sur le papier, il a le profil de l’emploi : un enseignant mélomane prend la tête de la commission des affaires culturelles et de l’éducation. Bruno Studer, 39 ans, est professeur d’histoire-géographie dans un collège classé REP à Strasbourg. Un choix, assure-t-il, après un défi qu’il s’était lancé : « J’ai passé le concours de l’ENA en interne, j’avais dit que si j’échouais, je ferai de la politique et j’enseignerai en REP. » En 2013, il prend sa carte à l’UDI, dans les pas de Jean-Louis Borloo. « J’aimais l’idée qu’il fallait permettre aux entreprises de créer de la richesse mais pas n’importe comment. » Il ne renouvelle pas son adhésion au parti centriste en 2016, et s’inscrit à En marche ! dès sa création. Il en devient député un an plus tard, son premier mandat politique. Pour ce joueur d’alto, « la culture, c’est ce qui permet d’avoir des nuances ». Il aura à défendre le dispositif de dédoublement des classes de CP et espère travailler sur le numérique et l’éducation aux médias.

  • Commission des affaires économiques : Roland Lescure (LRM)

Il attribue « peut-être » à la crise de la cinquantaine son entrée en politique. A 50 ans, Roland Lescure, le député des Français de l’étranger (Etats-Unis et Canada), dont c’est le premier mandat, devient président de la commission des affaires économiques. Cet hiver, ce fils d’un journaliste de L’Humanité et d’une syndicaliste CGT à la RATP était encore numéro deux d’une institution publique québécoise de gestion de placements. Le « dream job » pour ce polytechnicien qui s’est reconverti dans la gestion d’actifs après avoir passé sept ans dans la haute fonction publique. Le besoin de « prendre des décisions qui ont de l’impact » et d’être « un plus grand poisson dans une petite mare » l’a fait quitter l’action publique.

Ephémère membre du Parti socialiste au milieu des années 2000, porté par les idées de Dominique Strauss-Kahn, celui qui est aussi le demi-frère de Pierre Lescure se dit d’un centre gauche « pragmatique ». Résidant à Montréal, il espère retourner dans sa circonscription une fois par mois.

  • Commission des affaires étrangères : Marielle de Sarnez (MoDem)

Elections législatives 2017, premier tour. Marielle de Sarnez vote dans un bureau de la rue Asseline dans le 14e arrondissement à Paris, dimanche 11 juin 2017 - 2017©Jean-Claude Coutausse / french-politics pour Le Monde | JEAN-CLAUDE COUTAUSSE / FRENCH-POLITICS POUR LE MONDE

Ephémère ministre des affaires européennes dans le premier gouvernement d’Edouard Philippe, contrainte à la sortie en raison des soupçons sur les contrats des assistants des députés européens du MoDem, Marielle de Sarnez trouve un lot de consolation à la présidence de la commission des affaires étrangères. Elle a auparavant siégé pendant près de dix-huit ans au Parlement européen et s’est constitué un solide réseau international à la direction du Parti démocrate européen, dont elle est la secrétaire générale.

Agée de 66 ans, redoutable négociatrice, cette fidèle de François Bayrou, également vice-présidente du MoDem, a été un des fers de lance de toutes ses campagnes. Après le choix du maire de Pau de faire alliance avec Emmanuel Macron pour la campagne présidentielle, elle a été au cœur des tractations avec En marche !, notamment pour les investitures aux élections législatives. Elle a été élue en juin dans la 11e circonscription de Paris.

  • Commission des affaires sociales : Brigitte Bourguignon (LRM)

Brigitte Bourguignon en mars 2016. | JACQUES DEMARTHON / AFP

Brigitte Bourguignon a été désignée pour prendre la tête de la commission des affairs sociales. A 58 ans, la députée du Pas-de-Calais, ancienne maire-adjointe de Boulogne, avait passé quasiment toute sa vie politique au Parti socialiste

où elle a adhéré en 1989. Tout en étant secrétaire nationale du PS chargée des sports à partir de 2008, elle a également été maire adjointe de Boulogne-sur-Mer entre 2001 et 2012. Elle sera ensuite élue pour la première fois députée en 2012, dans la sixième circonscription du Pas-de-Calais, tenue jusque-là par Jack Lang.

Mais après l’élection présidentielle de 2017 et le faible score de Benoît Hamon, elle demandera et obtiendra l’investiture d’En marche pour les élections législatives. « J’ai connu Emmanuel Macron à l’Assemblée et j’ai apprécié de pouvoir travailler à ses côtés, expliquait-elle en mai pour justifier son choix. Pour la loi travail, j’ai tenté d’amender ce texte avec des syndicalistes mais tout ce travail a été ruiné par la posture de certains de mes collègues frondeurs. Cette politique-là, je n’en veux plus. »

Opposée à la candidate du Front national Marie-Christine Bourgeois, Mme Bourguignon sera réélue députée au second tour des législatives avec 60,84 % des voix. Après cette victoire, elle raconte à La Voix du Nord avoir reçu un SMS du président de la République Emmanuel Macron dans la nuit de dimanche à lundi, alimentant les rumeurs sur un futur poste : « Je compte sur toi. »

  • Commission de la Défense : Jean-Jacques Bridey (LRM)

Un vrai spécialiste des armées. Jean-Jacques Bridey, ex-PS réélu sous l’étiquette de La République en marche dans la 7e circonscription du Val-de-Marne, se retrouve promu à la présidence de la commission de la défense. A 64 ans, le maire de Fresnes hérite d’un poste sur lequel il fait figure d’expert. Lors de la précédente législature, il était membre de la commission de la défense et des forces armées à l’Assemblée nationale. Président du groupe « Amitié France-Irak », il a également joué le rôle de rapporteur des crédits militaires d’équipement et de la dissuasion au Palais-Bourbon. Sa maîtrise du sujet le rendait incontournable pour occuper ce poste stratégique, ainsi que son ancienneté aux côtés d’Emmanuel Macron.

« Marcheur » de la première heure, il avait lancé un appel en faveur de l’actuel chef de l’Etat dès novembre 2016, en compagnie d’autres élus de gauche. Pendant la campagne présidentielle, il faisait partie des principaux conseillers du candidat Macron sur les questions de sécurité et de défense.

  • Commission du développement durable : Barbara Pompili (LRM)

French La Republique en Marche (REM) party lawmaker and MP, Barbara Pompili answers journalists' questions on June 29, 2017 at the National Assembly in Paris, before a meeting of the Assembly's eight permanent commissions to elect their board members. / AFP / GEOFFROY VAN DER HASSELT | GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP

Elle est l’une des quatre femmes à prendre la présidence d’une commission parlementaire. A 42 ans, Barbara Pompili a été élue, jeudi 29 juin, à la tête de celle chargée du développement durable. Une suite logique pour cette transfuge d’Europe Ecologie-Les Verts qui fut secrétaire d’Etat à la biodiversité sous François Hollande.

Le nom de la députée de la Somme, réélue sous les couleurs de La République en marche le 18 juin, a circulé un temps pour prendre le « perchoir » mais cette dernière avait annoncé qu’elle ne serait pas candidate pour laisser la voie libre à son complice, François de Rugy.

Elue en 2012 sous les couleurs d’EELV, elle claque la porte du parti trois ans plus tard, dans la foulée du député de Loire-Atlantique, avec qui elle coprésida le premier groupe écologiste de l’Assemblée nationale. En février 2016, elle est débauchée par Manuel Valls pour entrer au gouvernement et annonce un an plus tard son soutien à Emmanuel Macron.

  • Commission des Lois : Yaël Braun-Pivet (LRM)

La députée (LRM) des Yvelines et militante associative Yaël Braun-Pivet prend la tête de la commission des lois.

Dans les Yvelines, où elle a été élue face au sortant Jacques Myard (LR), elle s’était investie notamment aux Restos du coeur, où elle a initié des consultations juridiques gratuites.

Celle dont le « choix de coeur » était les affaires sociales avait aussi pris la tête d’un centre d’accueil et était devenue responsable nationale « accès à la justice » de l’association caritative, bénévolement, avant de rejoindre En marche ! en 2016.