Le pont Sigiri, en cours de construction par une entreprise chinoise et commandité par le président kényan Uhuru Kenyatta pour un coût de 1,2 milliard de shillings (environ 10 millions d’euros), s’est écroulé, lundi 26 juin, dans l’ouest du pays. Deux semaines après que le chef de l’Etat a visité le chantier… Au moins 27 ouvriers ont été blessés, mais aucune victime n’est à déplorer.

En pleine campagne pour sa réélection avant le scrutin national prévu en août, Uhuru Kenyatta insiste à chaque meeting sur l’importance accordée par son gouvernement aux infrastructures, à l’image de la nouvelle ligne ferroviaire reliant la capitale Nairobi au port de Mombasa (27 millions d’euros). Dans le comté de Busia, près de la frontière avec l’Ouganda, le président kényan avait promis la construction d’un pont après qu’un bateau a chaviré dans la rivière Nzoia, en 2014, tuant les 11 personnes à son bord. L’édifice devait être complété et ouvert à la circulation en juillet.

« Sécurité, qualité, progrès »

Ironie du sort, lors du déplacement du président Kenyatta dans le comté de Busia, on pouvait lire sur une bannière accrochée au pont en cours de construction : « Sécurité, qualité, progrès ». Hélas, les habitants de la région devront patienter avant de pouvoir traverser la rivière sans prendre le risque de se noyer.

Le député local, Ababu Namwamba, en lice pour un troisième mandat, avait même fini par rallier le camp du chef de l’Etat en louant le fait que le pont réduirait le nombre de morts et rendrait plus aisé l’accès aux écoles, aux marchés et aux hôpitaux des deux côtés de la rivière.

Dans les heures qui ont suivi l’écroulement du pont, un représentant du Chinese Overseas Construction and Engineering Group déclarait au quotidien kényan The Nation : « C’est très inhabituel car tous les standards et spécifications requises par le commanditaire étaient respectés ». Une équipe d’ingénieurs a été dépêchée sur place pour tenter de comprendre les causes de l’incident.

La Chine, partenaire de poids

Opportuniste, le principal opposant à Uhuru Kenyatta, Raila Odinga, ne s’est pas fait prier pour moquer les mégas projets lancés par le gouvernement, sans peur de la métaphore douteuse : « C’est un bon signe de la façon dont ils vont chuter ».

Plus généralement, l’incident risque de ne pas aider à corriger l’image des entreprises chinoises sur le continent. Réputées pour construire des infrastructures de mauvaise qualité, elles n’ont pour autant cessé de décrocher des marchés en Afrique. Au Kenya, l’Empire du milieu est l’un des plus importants partenaires commerciaux et d’investissement.