Le Bombardier Zefiro, à Berlin, en 2010. | ODD ANDERSEN / AFP

Six mois après le début de s négociations, patronat et syndicat ont fini par s’entendre, jeudi 29 juin, sur l’ampleur du plan social : le constructeur Bombardier va supprimer 2 200 emplois outre-Rhin, un an après la précédente coupe, qui avait vu disparaître 1 430 emplois. Le canadien emploie actuellement 8 500 personnes en Allemagne, son principal site de production d’équipement ferroviaire.

Le constructeur a assuré qu’il n’y aurait pas de licenciements secs et qu’aucun des sept sites de production du groupe en Allemagne ne serait fermé. « Nous devons nous réinventer », a déclaré le patron du groupe en Allemagne, Michael Forster, qui a annoncé des investissements et une spécialisation des usines. Les sites de production de Mannheim (Land du Bade-Wurtemberg) et Cassel (Land de Hesse) vont ainsi devenir les centres de développement et de construction des locomotives du groupe au niveau mondial.

L’objectif, a précisé le dirigeant, est de ramener la rentabilité de l’activité en Allemagne à 8 % en 2020. Les Canadiens y accumulent les pertes depuis plusieurs années, alors que le pays est leur premier marché européen. Bombardier est actuellement sous pression : son activité aéronautique est en déficit et son activité ferroviaire, la seule bénéficiaire, veut gagner en rentabilité. En 2016, le groupe a annoncé son intention de supprimer 7 500 emplois, dont 5 000 sur son activité train. Le groupe Bombardier a réalisé, l’an dernier, un chiffre d’affaires global de 16,3 milliards de dollars canadiens (11 milliards d’euros), celui de sa branche transport s’élève à 7,6 milliards de dollars canadiens.

Rumeurs de fusion

Le plan social conclu jeudi est un soulagement pour le groupe après des mois de discussions durant lesquelles le ministre de l’économie allemand d’alors, Sigmar Gabriel (SPD), était intervenu pour empêcher la fermeture de sites de production. L’accord relance également les rumeurs de fusion. Car la restructuration, qui sera effective en 2020, pourrait être la condition indispensable à un éventuel rapprochement avec un concurrent.

Les rumeurs de consolidation entre les trois gros constructeurs ferroviaires occidentaux, Alstom, Bombardier et Siemens, vont actuellement bon train. Ces derniers mois, un mariage Bombardier-Siemens a régulièrement été évoqué. L’idée d’un « Airbus sur rail » n’est pas nouvelle : elle avait été envisagée il y a plusieurs années par l’actuel PDG de Siemens, Joe Kaeser, alors qu’il était directeur de la stratégie du groupe allemand.

Le sujet était revenu au premier plan il y a deux ans, lors de la discussion autour de la reprise de la branche énergie d’Alstom. Joe Kaeser avait alors proposé aux Français une fusion des activités ferroviaires des deux groupes. L’opération s’était heurtée à l’opposition des syndicats allemands.

Convaincre la Commission européenne

Mais face à l’appétit chinois, les trois constructeurs n’auront peut-être plus longtemps le choix. La naissance du géant chinois CRRC Corporation, en 2015, d’une fusion entre deux acteurs du pays, a changé la donne sur le marché mondial. Le géant de 32 milliards d’euros de chiffres d’affaires est devenu le numéro un mondial du secteur, il nourrit de fortes ambitions internationales. Il espère racheter le constructeur tchèque Skoda Transportation ou au moins coopérer avec lui à terme.

« A la SNCF, nous sommes pour un champion européen, a déclaré Guillaume Pepy mardi à Berlin lors d’une soirée avec son homologue de la Deutsche Bahn. S’il doit y avoir un rapprochement entre Siemens et Bombardier, entre Bombardier et Alstom, ou entre Alstom et Siemens, nous y serons favorables. Il faut un industriel européen qui ait une taille suffisante pour faire face aux concurrents chinois, coréens, et demain indiens. »

Reste à convaincre la Commission européenne. Un géant européen se retrouverait sur certains marchés (grande vitesse, trains régionaux) en situation de monopole.