Dans un magasin de musique de Tokyo, le 29 juin. | TOSHIFUMI KITAMURA/AFP

Un spectaculaire retour en grâce. Près de trois décennies après avoir mis fin à la production de ses disques vinyles, Sony a annoncé, jeudi 29 juin, qu’il revenait à ses anciennes amours. Le groupe japonais d’électronique relancera cette activité d’ici à mars 2018. Ces 33-tours seront de nouveau fabriqués dans une usine de la préfecture de Shizuoka au sud-ouest de Tokyo.

Pour retrouver les subtilités de cette technologie qui fut balayée par l’essor du CD et du MP3, Sony a dû faire appel à d’anciens ingénieurs qui ont transmis leur expertise à leurs successeurs. De l’archéologie musicale, en quelque sorte, pour que ces disques retrouvent le grain sonore d’antan et puissent – toujours – être rayés en cas d’usage trop intensif. Dans un entretien au quotidien économique Nikkei, le PDG de Sony Music, Michinori Mizuno, s’est dit persuadé que cette nouvelle vague nostalgique sera payante. « Elle séduira les plus jeunes » attirés par cette mode et « la qualité du son », a-t-il affirmé.

Renaissance exceptionnelle

La production de vinyles a été multipliée par huit dans l’archipel nippon depuis 2009 et atteignait 800 000 unités en 2016. Loin, très loin, certes, des 200 millions, la norme dans les années 1970.

Cette résurgence est déjà bien amorcée. Le cabinet Deloitte prévoit ainsi que les ventes mondiales de vinyles dépasseront le milliard de dollars (875 millions d’euros) cette année. Rien qu’au Royaume-Uni, où l’engouement pour ce format bat son plein, les disques ont généré l’an dernier davantage de revenus que les gains publicitaires des plates-formes musicales.

Dans l’Hexagone aussi, après avoir failli bel et bien disparaître et tomber aux oubliettes, le vinyle connaît une renaissance exceptionnelle. Pour la cinquième année consécutive, ce format continue sa croissance exceptionnelle (+ 72 % en volume) et représente désormais 7,3 % du marché physique de la musique.

Engouement pour les platines

MPO, la principale usine de pressage de vinyles qui fabriquait pour le monde entier 2,5 millions de galettes en 2011, a dépassé haut la main les 15 millions au cours des douze derniers mois. MPO a investi dans huit nouvelles lignes de pressage de vinyles – pour les porter à vingt-quatre – et augmenter ainsi ses capacités de production dans son usine de Mayenne de 50 % en deux ans.

Et qui dit vinyle, dit platine. Et là aussi, l’engouement est vif. En début d’année, les 300 premières rééditions des platines japonaises Technics, les fameuses SL-1200, reconnaissables à leur couleur argentée et à leur bouton rectangulaire start/stop, se sont arrachées comme des petits pains au Japon malgré un prix proche de 3 000 euros.