Le cercueil d’Helmut Kohl à Strasbourg, le 1er juillet. | Jean-Francois Badias / AP

Les dirigeants européens rendent, samedi 1er juillet, un dernier hommage Helmut Kohl, mort le 16 juin, lors d’une cérémonie au sein du Parlement européen à Strasbourg. Le cercueil de l’ancien chancelier allemand a été installé dans l’immense hémicycle, devant trois grosses couronnes de fleurs qui apportent un peu de couleurs à la grisaille ambiante, au milieu de soldats allemands présents pour monter la garde. Une exposition de photos retrace, dans les travées du bâtiment, les grandes étapes de la carrière du père de l’Unité allemande, acteur majeur de la réunification du continent lors de la chute du rideau de fer.

La cérémonie de Strasbourg, devant durer deux heures samedi matin, réunit Angela Merkel et Maike Kohl-Richter, la veuve du défunt, qui a tout fait pour écarter la chancelière de l’enterrement proprement dit, qui aura lieu dans l’après-midi dans la cathédrale de Spire, ville allemande située sur le Rhin.

Emmanuel Macron, l’ancien président américain Bill Clinton, le premier ministre russe Dmitri Medvedev ainsi qu’un aréopage de dirigeants venus du monde entier sont attendus pour cet hommage rendu à l’une des rares personnalités du continent faites citoyen d’honneur de l’Union européenne. Les dirigeants des institutions bruxelloises, Jean-Claude Juncker pour la commission, Donald Tusk pour le Conseil européen, et Antonio Tajani, le président du Parlement, devaient prendre tour à tour la parole aux côtés du cercueil pour saluer la mémoire d’Helmut Kohl, au pouvoir pendant seize ans, de 1982 à 1998.

Un discours de Macron

Depuis le décès de l’ex chancelier, jeudi 16 juin, à l’âge de 87 ans, les uns et les autres jouent les dignes héritiers, au moment où le projet européen est comme jamais sur la défensive. Des années de crise en tout genre, du naufrage de la Grèce au Brexit, en passant par la faible solidarité face aux arrivées de migrants, mettent à rude épreuve la cohésion du continent.

Un portrait d’Helmut Kohl installé à Strasbourg, au Parlement européen, le 1er juillet. | Michel Euler / AP

Pour tenter de rebondir, M. Macron devait, dans son discours, s’inspirer de l’héritage laissé par Helmut Kohl et par son partenaire français de l’époque, François Mitterrand, qui ont, de Verdun à l’euro, hissé haut la relation entre la France et l’Allemagne, pour approfondir le projet européen. Le chef de l’Etat sera accompagné de Nicolas Sarkozy, invité comme les autres ex-présidents, et de fidèles de son lointain prédécesseur socialiste, Elisabeth Guigou, Hubert Védrine et Jacques Attali. Jacques Delors, l’ancien président français de la commission des années Kohl, ne figurait en revanche pas, samedi matin, sur la liste des participants.

Angela Merkel sera la dernière à prendre la parole. La chancelière entretient des relations exécrables avec le clan Kohl, elle qui a précipité la retraite de son ancien mentor en dénonçant les caisses noires mises en place au sein de leur formation. L’enfant terrible de l’UE, Viktor Orban, à qui la veuve de Kohl voulait donner la parole, ne devait pas être invité à s’exprimer.

Après l’hommage continental, la dépouille de M. Kohl devait rejoindre l’Allemagne et la cathédrale romane de Spire, d’abord en hélicoptère, puis à bord d’un navire militaire sur le Rhin. C’est dans cette ancienne ville impériale que l’ancien chancelier doit reposer au cœur d’une région qu’il a longtemps dirigée. L’enterrement est prévu en début de soirée, dans la plus stricte intimité familiale.