La chambre de l’instruction de Dijon doit se prononcer, mardi 3 juillet, sur le sort de Murielle Bolle, témoin-clé de l’affaire Grégory, suspectée aujourd’hui d’enlèvement « suivi de mort ». Agée de 15 ans à l’époque des faits – elle en a désormais 48 –, elle a été mise en examen, jeudi 29 juin, et écrouée à titre conservatoire. Les magistrats doivent décider, mardi, de son placement en détention provisoire ou sous contrôle judiciaire.

Il y a trente-deux ans, Murielle Bolle a accusé, dans un témoignage, Bernard Laroche du rapt du garçon de 4 ans retrouvé mort dans la Vologne, avant de se rétracter brusquement. Elle avait d’abord raconté aux gendarmes puis au juge Lambert que son beau-frère était venu la chercher à la sortie du collège avant de passer prendre Grégory chez ses parents. Le lendemain, elle était revenue sur ses déclarations.

Après avoir relancé le dossier à la mi-juin en mettant en examen Marcel et Jacqueline Jacob, grand-oncle et grand-tante de Grégory, soupçonnés de l’avoir séquestré puis tué, les enquêteurs, convaincus d’avoir affaire à un crime « collectif », se concentrent désormais sur les raisons du revirement de l’adolescente. Pour eux, ce n’est pas en garde à vue mais à son retour en famille qu’elle aurait « subi des pressions » après l’inculpation de Bernard Laroche.

« Lynchage »

C’est en tout cas ce qu’a affirmé un témoin au Parisien, dans un article publié mardi. Cet homme, par qui l’affaire a été relancée, est aujourd’hui âgé de 54 ans et se présente comme un cousin germain de Murielle Bolle. Auditionné pour la première fois depuis la mort du garçon le 17 juin par deux gendarmes, l’homme assure avoir participé, le 5 novembre 1984, à une réunion familiale improvisée après l’incarcération de Bernard Laroche au cours de laquelle Murielle Bolle « s’est fait démonter », dit-il. « Oui, j’ai vu Murielle subir des coups, et je n’en démordrai pas », ajoute-t-il dans les colonnes du quotidien.

Le Figaro a publié lundi, les procès-verbaux de l’audition du cousin germain, aujourd’hui gravement malade. Il y évoque un « lynchage », lors de cette réunion. A l’intérieur du pavillon, Murielle Bolle « était en train de se faire massacrer à l’étage, par Marie-Ange [épouse de M. Laroche], sa mère et le Titi [Lucien, père du témoin]. On l’entendait hurler, j’ai été choqué de voir Marie-Ange avec une poignée de cheveux de Murielle dans la main », raconte l’homme.

Le procureur général Jean-Jacques Bosc avait déjà évoqué la semaine dernière un « témoignage récent » et « très précis » d’un « parent » qui « a vraiment vu ce qui s’est passé ». Maître Jean-Paul Teissonnière, avocat de Murielle Bolle, estime pour sa part que ce témoignage a été « entièrement forgé » a posteriori, sur fond de médiatisation de l’affaire.

La justice, qui écartait alors toute « intention criminelle », considère désormais que Murielle Bolle a pu jouer sciemment un rôle dans le rapt que les époux Jacob auraient fomenté pour se venger de Jean-Marie Villemin.