Geddel Vieira Lima, lors d’une rencontre entre le gouvernement et les députés brésiliens, le 22 novembre. | Ueslei Marcelino / REUTERS

Il y a moins d’une semaine, il qualifiait l’idée de « ridicule ». « Dénoncer quoi, mon Dieu ? », avait-il confié à une blogueuse du site Politico em Foco. Placé en détention préventive lundi 3 juillet, Geddel Vieira Lima, ancien ministre du président brésilien Michel Temer, pourrait être désormais plus bavard, acceptant de collaborer avec la justice pour sortir de prison.

L’entourage du président, menacé par une enquête pour « corruption passive », « obstruction à la justice » et « participation à une organisation criminelle », peut le redouter.

Appartenant au premier cercle du chef de l’Etat, Geddel Vieira Lima est soupçonné d’avoir fait obstruction à la justice dans le cadre d’une affaire de détournement de fonds de la Caixa economica federal, un établissement public dont il fut l’un des cadres dirigeants de 2011 à 2013. L’homme, originaire de l’Etat de Bahia (Nord-est du Brésil), aurait tenté de faire taire l’agent de change Lúcio Funaro, mouillé dans ce dossier, ainsi que l’ancien président de la chambre des députés, Eduardo Cunha. Ce cacique de Brasilia a d’ailleurs été condamné en mars à plus de 15 ans de prison pour « corruption » et « blanchiment d’argent » dans le cadre de l’opération « Lava-Jato » (« lavage express »).

Une démission tonitruante

« Le politicien a agi pour gêner l’enquête », écrit le procureur de la République, dans une note citée par le site du quotidien O Globo. En appui de ses soupçons, la police détiendrait des messages envoyés par Geddel Viera Lima à l’épouse de M. Funaro, où il est identifié sous le surnom de « Carinho » (« petite tête »).

Considéré comme un homme de confiance de Michel Temer, Geddel Vieira Lima avait déjà fait scandale lors de son passage au gouvernement. Six mois après avoir pris ses fonctions de secrétaire général, en mai 2016, il démissionnait avec fracas, suite aux accusations de son confrère Marcelo Calero, alors ministre de la culture. Outré, ce dernier avait claqué la porte du gouvernement, en expliquant à la presse avoir fait l’objet de pressions de la part de Geddel Vieira Lima. Il lui aurait demandé de revenir sur une décision de l’Institut brésilien de préservation du patrimoine historique (Iphan) contrariant un projet immobilier, dans une zone préservée de Bahia, dans lequel Geddel Vieira Lima avait lui-même investi.

Le placement en détention de l’ex-ministre de Michel Temer, qui appartient comme lui au Parti du mouvement démocratique brésilien (PMDB, centre), entache un peu plus l’image d’un gouvernement poursuivi par les affaires. Le chef de l’Etat fait lui-même l’objet d’une demande de mise en accusation déposée par le procureur général de la République pour « corruption passive ». Une première dans l’histoire du Brésil qui pourrait conduire à la destitution de Michel Temer s’il n’obtenait pas, dans les semaines à venir, le vote de confiance d’un tiers des députés.