Campus de l’université Paul-Valéry-Montpellier-3, le 3 mars 2017. | Camille Stromboni/Le Monde

Un « scandale absolu ». Lors de son discours de politique générale devant les parlementaires mardi 4 juillet, le premier ministre Edouard Philippe a dénoncé le tirage au sort qui régit parfois l’accès à l’université. « Des bacheliers, y compris les plus méritants, se retrouvent exclus par le tirage au sort des filières universitaires qu’ils ont choisies ! Où est l’égalité ? Où est le mérite ? Où est la République ? Nous ne pouvons plus l’accepter », a-t-il insisté.

Face au boom démographique et à l’arrivée chaque année d’au moins 30 000 étudiants de plus à l’université, depuis déjà trois ans, certaines licences ne disposent plus de places libres – en STAPS (sciences et techniques des activités physiques et sportives), en psychologie, en droit… – et n’arrivent plus à répondre à la demande. A la dernière rentrée, 3 500 candidats ont été écartés par le tirage au sort de la licence universitaire qu’ils avaient pourtant placée en premier vœu sur la plateforme d’admission postbac (APB). « Ce sont 40 000 étudiants supplémentaires qu’il nous faudra accueillir », a souligné le premier ministre pour les prochaines années, les pics démographiques étant attendus en 2017 et en 2018.

Dès la rentrée 2018, pour mettre fin à cette pratique du tirage au sort, Edouard Philippe compte mettre en place des « contrats de réussite étudiante » qui indiqueront aux lycéens « les prérequis pour réussir dans la filière visée ». Il n’a pas précisé de quelle manière ces « prérequis » s’imposeraient à l’entrée des filières universitaires, évitant ainsi la question sensible de la sélection à l’université. La ministre de l’enseignement supérieur, Frédérique Vidal, doit rencontrer l’ensemble des acteurs d’ici l’automne pour avancer sur ce chantier.

« Les efforts d’investissements ne seront pas relâchés »

Durant la campagne présidentielle, Emmanuel Macron s’était déjà engagé sur le principe des prérequis à l’entrée de l’université. Avec un exemple dans son programme : en licence de sciences, il pourrait s’agir « d’acquis minimaux en mathématiques, en sciences physiques ou en sciences de la vie et de la terre ». « Un lycéen ne disposant pas de ces prérequis pourra s’inscrire après avoir comblé ses lacunes, par des cours d’été ou par la validation de modules universitaires. », écrivait le candidat d’En Marche.

Mais si la communauté universitaire dénonce elle aussi de façon unanime le recours au tirage au sort pour distribuer les places à l’université, la mise en place d’une forme de sélection divise les acteurs. Les deux principales organisations étudiantes, l’UNEF et la FAGE, se sont jusqu’ici déclarées fermement opposées à toute sélection « synonyme d’exclusion », exigeant des moyens supplémentaires de l’Etat pour accueillir dans de bonnes conditions l’ensemble des futurs étudiants.

« Les efforts d’investissement ne seront pas relâchés », a simplement promis Edouard Philippe dans son discours, alors que les besoins sont évalués par la plupart des représentants de la communauté universitaire à un milliard d’euros de plus pour l’enseignement supérieur et la recherche. Il a appelé les universités à « continuer à se transformer », « à gagner en autonomie, travailler en réseau et se rapprocher du monde économique ».

Le premier ministre a également fait part de « l’ambition » de son gouvernement pour la filière professionnelle : outre une « meilleure intégration » du lycée professionnel avec les filières postbac courtes, comme les BTS, il a annoncé devant les parlementaires que des « diplômes de qualification à bac + 1 pourront être proposés après le baccalauréat professionnel ».