En adoptant un rapport d’initiative visant à l’allongement de la durée de vie des produits, le Parlement européen a demandé, mardi 4 juillet, à la Commission de légiférer contre l’obsolescence programmée. Cette pratique des grands groupes industriels qui consiste à commercialiser des appareils à faible durée de vie et non réparables pour en accélérer leur remplacement devrait contribuer à générer 47,8 millions de tonnes de déchets électriques et électroniques en 2017, un record.

Ce vote des eurodéputés intervient une semaine après la publication par Green­peace de son premier classement des appareils électroniques de grande consommation (smartphones, tablettes et ordinateurs portables) en fonction de leur capacité à pouvoir être réparés, donc de leur obsolescence. Selon cette étude inédite révélée en avant-première par Le Monde, Samsung, Microsoft et Apple ressortent avec un bonnet d’âne.

« Nous ne pouvons plus ignorer les conséquences environnementales, sociales et économiques de cette société du jetable, qu’il s’agisse de l’épuisement des ressources, des émissions liées au transport, de l’augmentation exponentielle des déchets, de la délocalisation des emplois industriels ou la perte d’emplois locaux dans la réparation ou le service, de l’exploitation sociale des travailleurs du Sud, de l’appauvrissement des ménages qui acquièrent des produits de faible qualité et de la perte de confiance des consommateurs », a réagi le rapporteur du texte, l’élu écologiste français Pascal Durand, qui s’est félicité que « le Parlement positionne l’UE pour la première fois sur la problématique de la durée de vie des produits ».

Aucun projet législatif européen n’est pour l’heure sur les rails pour s’attaquer au problème mais le Parlement a fait usage de son droit d’initiative pour réclamer à la Commission qu’elle s’y attelle.

Cela devrait passer par « l’adoption de critères de résistance minimum couvrant entre autres la robustesse, la réparabilité et l’évolutivité pour chaque catégorie de produit dès sa conception », estiment les eurodéputés dans leur résolution qui est non contraignante.

« Quand on jette, quand on remplace et quand on ne répare plus les produits qu’on achète, on cause la perte d’un savoir-faire, d’un artisanat, la perte également de métiers de la réparabilité et du service. Ce sont des dizaines de milliers d’emplois qui ont disparu sur le continent européen », a encore argumenté M. Durand, qui a appelé à prendre exemple sur la Suède, où la fiscalité incite à privilégier la réparation.

Une étiquette indiquant la durée de vie

Marc Tarabella, eurodéputé PS en charge de la protection des consommateurs au Parlement européen, plaide lui pour une étiquette indiquant la durée des vies des produits : « nous demandons qu’on légifère pour garantir des produits durables, de qualité, réparables et que le consommateur soit mieux informé avec, par exemple, une indication sur la durée de vie estimée de l’appareil ».

« Je suis sûr que beaucoup d’entre nous ont été frustrés en constatant qu’un appareil ménager était tombé en panne mais que le faire réparer coûte autant, sinon plus, que d’en racheter un neuf », a souligné de son côté le commissaire Vytenis Andriukaitis, au nom de l’exécutif européen.

« Entre garder un produit pendant vingt ans et acheter la dernière version, il y a des compromis à faire en termes de coûts, énergie et consommation de ressources », a dit le commissaire. « Mais les consommateurs doivent avoir le choix et la possibilité de conserver un produit plus longtemps », a-t-il ajouté, sans préciser cependant si l’exécutif européen comptait légiférer sur cette question.

« Nous sommes déjà en train de travailler sur certaines des suggestions » avancées par les eurodéputés. Et le commissaire européen de promettre : « nous allons réfléchir en détail à certaines autres ».