Les « une » de Libération, du Parisien et du Figaro, datées du 5 juillet. | DR

Le discours du président Emmanuel Macron devant le Congrès, lundi, avait laissé la presse perplexe. Celui de politique générale de son chef de gouvernement, Edouard Philippe, devant l’Assemblée nationale mardi semble avoir laissé une meilleure impression aux éditorialistes, à en juger par leurs éditions du 5 juillet.

« Autant le cap du chef de l’Etat était fumeux, autant la feuille de route du premier ministre était censée être accessible à tous les citoyens qui veulent s’intéresser à nos débats démocratiques », fait valoir Grégoire Biseau dans Libération. « Edouard Philippe a fait la démonstration que moins on parle d’en haut, plus on a de chances de parler clair », résume-t-il.

Le Parisien affiche, lui, en une « les 12 travaux d’Edouard ». Sous la plume de Jean-Marie Montali, le journal salue un premier ministre « que l’on disait effacé derrière Macron, [qui] s’est fait entendre parce qu’il a été concret et qu’il s’est adressé aux Français en essayant de répondre à leurs préoccupations ». Dans La Croix, Guillaume Goubert se réjouit d’annonces « marquées d’une volonté de réalisme, sans dissimuler des mesures impopulaires ». Selon Cécile Cornudet des Echos, « nommer les choses, ne pas esquiver, phrases courtes, formules rapides, Edouard Philippe impose le style cash ».

Mais derrière une forme appréciée, le fond du discours de politique générale de M. Philippe est loin de faire l’unanimité. « Malgré l’urgence, on se contentera de se hâter lentement, avec des recettes déjà éprouvées », regrette ainsi Gaëtan de Capèle dans Le Figaro, qui reste sur sa faim et aurait souhaité des réformes plus radicales de réduction des déficits. L’Humanité est tout aussi critique mais pour des raisons diamétralement inverses, dénonçant, sous la plume de Maud Vergnol, « l’enlisement austéritaire que propose la majorité ».

« Le sale boulot »

La presse régionale retient, elle, davantage la répartition des rôles entre le chef de l’Etat et son chef de gouvernement. Pour Baptiste Laureau de Paris-Normandie, « lundi après-midi, devant le Congrès réuni à Versailles, le président Emmanuel Macron, sur un ton quelque peu grandiloquent, a fixé le cap de la France pour les cinq années à venir. Hier, à l’Assemblée nationale, c’est un premier ministre, les deux pieds dans la glaise, qui a prononcé un discours de politique générale sans emphase ».

« A écouter hier le chef du gouvernement, on comprenait mieux pourquoi le président s’en était tenu la veille à des hauteurs philosophiques, ainsi qu’aux réformes institutionnelles supposées populaires : c’était pour mieux laisser le sale boulot, c’est-à-dire l’annonce des mauvaises nouvelles », analyse Bruno Dive dans Sud-Ouest. « Au grand chef les hauteurs quasi stratosphériques, à son premier… collaborateur le plancher des vaches », résume Bruno Mège dans La Montagne.