Résultats du baccalauréat au lycée Jean-Zay d’Orléans.

Il est 8 h 28, Madame Richard, proviseure du lycée Jean-Zay à Orléans et Madame Rey, son adjointe, se tiennent derrière les grilles encore closes. Les dernières consignes viennent tout juste d’être données à l’équipe pédagogique : demander absolument les pièces d’identité, même des élèves que l’on connaît, expliquer le système des rattrapages et donner les dates auxquelles les reçus pourront venir retirer le précieux diplôme. Les candidats, eux, trépignent devant le portail, maintenus dans l’inconnu pour quelques minutes encore. « Ils sont beaucoup moins nombreux qu’avant ! », regrette Madame Richard, « ils vont voir les résultats sur Internet maintenant ». Le lycée attendait les 619 élèves de terminale ES de l’agglomération, mais ils sont loin de s’être tous déplacés. Lorsque les portes s’ouvrent enfin, les élèves présents s’avancent vers les panneaux de résultats sans enthousiasme. « On a l’impression d’aller à l’abattoir ! », peut-on entendre dans la masse indistincte de sacs à dos et de lunettes de soleil qui s’avance dans la cour.

Rapidement le stress laisse place aux cris de joie, aux pleurs de soulagement et aux étreintes. Anaïs et sa mère ont toutes les deux les yeux humides : « je pensais ne pas l’avoir, mais je l’ai eu, et avec mention assez bien ! » « Elle a aussi eu le permis, alors ce midi, c’est restaurant ! », s’exclame la maman en tamponnant distraitement le mascara qui a coulé sous l’émotion. Un peu plus loin un groupe de garçons s’alpague, « toi, mec, je sais pas ce que t’as fait… mais t’as cartonné ! » Certains secouent la tête, ouvrent des yeux ronds, « madame, j’ai eu 19 en SES ! », incrédules face à leurs résultats. « Pourtant, on n’a généralement aucune surprise », tempère Monsieur Tavernier, professeur d’histoire-géographie, petites lunettes ovales et imposantes bagues argentées. « Je viens chaque année voir les résultats, parce que c’est un rite de passage, et pour conseiller ceux qui vont aux rattrapages. »

Les déçus, justement, se font discrets, rassemblés par petites grappes dans un coin ou l’autre de la cour du lycée. Alors que certains craquent et s’effondrent en larmes, d’autres restent impassibles, comme si la nouvelle n’avait pas encore été totalement intégrée. « Ceux-là, une fois que le choc est passé, il faut aller les voir et parler stratégie », explique l’enseignant d’histoire-géographie. Pour les élèves qui iront à l’oral, il s’agit de choisir deux matières, « où ils ont eu une mauvaise note, où ils sont d’habitude plutôt bons, et qui ont de gros coefficients », explique-t-il. Le rattrapage est tout un art. Alexia en sait quelque chose, l’année dernière, elle avait 30 points de retard, « et je n’en ai pas rattrapé un seul aux oraux, j’en ai même perdu ! » Mais il y a deux semaines, elle est allée « sereine » aux épreuves et savait que « cette fois-ci c’était la bonne », ce qui ne l’a pas empêchée de passer une courte nuit et « d’être super angoissée devant la grille ». Elle est, cette fois, reçue du premier coup.

Cristobal, lui, espère que « ça va passer au rattrapage ». Avec 40 points de retard, il a choisi de repasser l’économie et les maths. « Je m’y attendais, donc j’ai déjà commencé à réviser les SES, il ne me reste que deux chapitres à revoir », mais il ne veut pas encore se prononcer et ne pense « ni aux résultats, ni à APB, juste à mes oraux ». Il a la chance que les enseignants se rendent disponibles pour faire réviser les « admissibles » : « les mettre sous perfusion de philo ou d’histoire pendant deux jours ! », s’esclaffent deux d’entre eux, fatigués par l’examen et les corrections, mais heureux.

Pendant que certains candidats vont ressortir cours, manuels et fiches bristol, d’autres s’apprêtent à célébrer la réussite, comme Sarah et Margaux : « l’année prochaine on va à la fac, mais ce soir on va en boîte ! »