Annick Girardin, la ministre des outre-mer, le 1 juillet 2017. | FRANCOIS LO PRESTI / AFP

Chacun des deux hommes avait pris soin d’évoquer le sujet dans leur discours fondateur : tant le chef de l’Etat, Emmanuel Macron, le 3 juillet à Versailles, que le premier ministre Edouard Philippe, le lendemain lors de sa déclaration de politique générale à l’Assemblée, ont évoqué les enjeux politiques concernant les outre-mer.

En tête, le dossier majeur du référendum sur l’accession à la souveraineté de la Nouvelle-Calédonie qui doit être organisé au plus tard en novembre 2018. L’accord de Nouméa du 5 mai 1998, signé dix ans après les accords de Matignon du 26 juin 1988, prévoit en effet qu’une consultation doit être organisée à cette échéance qui « portera sur le transfert à la Nouvelle-Calédonie des compétences régaliennes, l’accès à un statut international de pleine responsabilité et l’organisation de la citoyenneté en nationalité ».

C’est d’abord au Congrès de la Nouvelle-Calédonie, l’assemblée délibérante du territoire, qu’il revient de déterminer la date du référendum. Si celui-ci n’a pas été saisi, c’est l’Etat qui le fera. Le dossier est suivi de très près par Matignon et à l’Elysée. Le nouveau conseiller outre-mer du président de la République, Stanislas Cazelles, fin connaisseur du sujet, est issu comme lui de la promotion Léopold Sédar Senghor de l’Ecole nationale d’administration (ENA).

Mise en œuvre des assises des outre-mer

Pour l’heure, la date de la consultation n’est pas encore fixée. Toutefois, la ministre des outre-mer, Annick Girardin, a prévu d’effectuer son premier déplacement dans les territoires ultramarins en Nouvelle-Calédonie, pour le 70e anniversaire de la Communauté du Pacifique. Il est probable que ce sera l’occasion pour l’occasion pour la ministre de s’entretenir avec les représentants du Congrès et de préciser les modalités d’organisation de la consultation, qui devrait avoir lieu, a-t-elle indiqué vendredi 7 juillet lors d’une conférence de presse, « vraisemblablement un peu avant novembre 2018 ».

L’autre grand chantier, c’est la mise en œuvre des assises des outre-mer, qui vont être lancées fin septembre et devraient durer un peu moins d’un an pour une restitution et une synthèse au printemps 2018 qui seront consignées dans un « livre bleu ». Mme Girardin a nommé Thierry Bert au poste de rapporteur général, chargé d’en organiser le cadre et l’agenda.

Agé de 65 ans, ce neveu de Raymond Barre, natif de la Réunion, normalien, énarque et inspecteur général des finances, a été conseiller au cabinet d’Edouard Balladur, alors ministre de l’économie, de 1987 à 1988, mais également conseiller pour les affaires européennes à la présidence de la République sous François Mitterrand avant de devenir directeur adjoint du cabinet du président de la Commission européenne, Jacques Santer. Il est aussi l’auteur d’un rapport coécrit avec Paul Champsaur, en 2000, remis au ministre de l’économie et des finances de l’époque, Dominique Strauss-Kahn, qui avait bousculé Bercy. Il y préconisait la création d’une administration fiscale unique.

« Sortir d’une vision monolithique des outre-mer »

Plutôt que des états généraux des outre-mer, comme ceux organisés en 2009 par Nicolas Sarkozy qui avaient débouché sur… pas grand-chose, le gouvernement entend « sortir d’une vision monolithique des outre-mer qui bloque leur spécificité ». Les assises seront organisées dans chaque territoire ultramarin et mettront autour de la table l’Etat et ses administrations, les élus, les syndicats, les professionnels, les associations, les citoyens et les médias. En parallèle, le gouvernement entend continuer à mettre en œuvre les contrats de convergence prévus par la loi égalité réelle adoptée à la fin de la précédente législature.

La ministre des outre-mer a également assuré que l’exécutif honorerait les engagements pris par le précédent gouvernement, aussi bien le projet « Mayotte 2025 » signé en avril 2015 que les accords de Guyane conclus en avril 2016 à la suite du mouvement social qui avait paralysé le département pendant plusieurs semaines ou les accords de l’Elysée sur la Polynésie signés en mars. « Les engagements pris seront tenus », a assuré Mme Girardin, qui devrait également se déplacer en Guyane et à Mayotte entre la fin août et la fin septembre.