Le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes (HCEFH) a publié, vendredi 7 juillet, les conclusions du rapport « Santé et accès aux soins : une urgence pour les femmes en situation de précarité ». Le texte a été remis à la secrétaire d’Etat chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa.

L’étude rappelle que « les femmes constituent aujourd’hui la majorité des personnes en situation de précarité ». Elles représentent par exemple 70 % des travailleurs pauvres et occupent 82 % des emplois à temps partiel. Et l’évolution est alarmante : « Depuis quinze ans, les maladies professionnelles, les accidents de travail et de trajet sont en forte augmentation chez les femmes, en particulier dans des secteurs à forte précarité ».

Selon l’étude, les femmes précaires ont par exemple un moindre suivi gynécologique : 31 % des femmes vivant au sein d’un ménage au revenu inférieur à 2 000 euros par mois n’ont pas réalisé de frottis vaginal au cours des trois dernières années, contre 19 % des femmes appartenant à un ménage ayant des revenus compris entre 2 000 et 4 000 euros.

Si leur accès aux soins est pointé du doigt, la santé même des femmes en situation de précarité est préoccupante. La mortalité prématurée liée aux maladies cérébro-cardio-vasculaires chez les ouvrières est en moyenne trois fois supérieure à celle des cadres et professions intermédiaires.

Les « inégalités sociales de santé » en partie responsables

Dans son rapport, le HCE explique la santé dégradée des femmes précaires et leur moindre accès aux soins par leur situation sociale. Parmi les facteurs avancés, les conditions de travail « stressantes » et « pénibles » des femmes précaires seraient à l’origine de maladies professionnelles, d’accidents du travail ou de trajet.

Le manque de moyens financiers représente également un obstacle aux soins. Selon une étude de juin 2016 citée par le HCE, « les femmes représentent 64 % des personnes ayant reporté ou renoncé à des soins au cours de douze derniers mois ». La mauvaise situation financière rend aussi plus difficile l’accès à un logement, à une bonne alimentation et à des activités sportives et culturelles, des éléments indispensables pour une bonne santé, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Au-delà du facteur financier et des conséquences liées aux activités professionnelles exercées par les femmes précaires, le manque de sollicitation du milieu médical semble également dépendre de « difficultés de compréhension et de connaissance du milieu médical ».

Le rapport du HCE pointe également du doigt le sexisme que subissent les femmes, précaires ou non, qui rend plus difficile leur accès aux soins et a des conséquences négatives sur leur état de santé. Selon l’étude, la « charge mentale » les priverait de disponibilité et encouragerait les mères de famille à faire passer la santé de leur entourage avant la leur. Elles sont également plus sujettes aux violences dans leur vie familiale et professionnelle, avec des conséquences psychiques et physiques. Enfin, le rapport dénonce un monde de la médecine androcentré, et qui « peut nier certaines spécificités des femmes, au détriment d’un dépistage et d’un traitement efficace de certaines pathologies ».

Vingt et une recommandations pour réduire les inégalités

Pour combattre ces « inégalités sociales et sexuées », le HCE a émis une liste de vingt et une recommandations à l’attention des pouvoirs publics, qui s’articulent autour de trois axes.

Le premier concerne les risques et la pénibilité des postes majoritairement occupés par des femmes en situation de précarité. Le HCE souhaite ainsi, par exemple, généraliser « le recueil et la publication régulière de données sexuées en matière de santé au travail ». Dans son deuxième axe, le Conseil demande d’adapter l’offre de soins et la prise en charge pour mieux répondre aux besoins des femmes en situation de précarité. Il s’agirait par exemple de « lever les freins financiers » ou « d’adapter les horaires aux contraintes des femmes en situation de précarité ».

Le troisième et dernier axe propose une intégration des problématiques spécifiques aux femmes précaires dans les politiques publiques existantes de réduction des inégalités sociales de santé.