Au Venezuela, des affrontements entre forces de sécurité et partisans de l’opposition bloquant les rues pour protester contre le projet d’Assemblée constituante du président Nicolas Maduro ont fait un mort parmi les manifestants et des dizaines de blessés lundi 10 juillet. Depuis le début de la vague de protestation, il y a plus de trois mois, quatre-vingt-treize personnes sont mortes.

Le ministère public a annoncé sur Twitter enquêter sur « la mort d’un jeune de 16 ans lors d’une manifestation » dans la ville de La Isabelica (Nord). Le secrétaire général de l’Organisation des Etats américains (OEA), Luis Almagro, a « condamné la mort d’un autre jeune manifestant au Venezuela ». Dans un message sur Twitter, il ajoute que « seule la démocratie mettra fin à la violence contre le peuple ».

Un candidat à la Constituante, José Luis Rivas, 42 ans, a été tué par balle par des inconnus alors qu’il faisait campagne dans la ville de Maracay (Centre). Le parquet, qui a ouvert une enquête, n’a pas donné de détails. Neuf militaires ont été blessés à travers le pays, a fait savoir Sergio Rivero, commandant de la garde nationale.

« La lutte pour la liberté »

Avec des barricades faites de cordes, de véhicules, d’arbres et de détritus, des groupes d’antichavistes (du nom d’Hugo Chavez, président de la République de 1999 à sa mort, en 2013) ont participé à un « grand blocage » à Caracas pour accroître la pression sur le gouvernement. « Ce peuple est décidé à poursuivre la lutte pour la liberté. Dimanche, aura lieu l’acte de désobéissance civile le plus important de l’histoire du Venezuela », s’est exclamé Freddy Guevara, vice-président du Parlement, contrôlé par l’opposition.

L’opposition a prévu une consultation populaire symbolique sur l’Assemblée constituante le 16 juillet. Opposés au projet de Constituante, les adversaires du chef de l’Etat socialiste se sentent encouragés depuis la libération de prison d’un de leurs emblématiques porte-drapeaux, Leopoldo Lopez, 46 ans, désormais assigné à résidence.

Il avait été condamné en 2014 à quatorze ans de privation de liberté pour « incitation à la violence » lors de manifestations contre Nicolas Maduro en 2014, qui firent quarante-trois morts. L’opposition voit dans cette remise en liberté un « succès » obtenu grâce aux manifestations, mais elle assure qu’elle continuera à « lutter » pour la libération des plus de quatre cents « prisonniers politiques » qu’il y a encore, selon elle, au Venezuela.

Près de 70 % des Vénézuéliens opposés à la Constituante

En face, le camp présidentiel assure que rien n’arrêtera la Constituante, dont les 545 membres doivent être désignés le 30 juillet.

Selon l’agence de conseil Datanalisis, près de 70 % des Vénézuéliens sont opposés à la Constituante et 80 % d’entre eux dénoncent la gestion du chef de l’Etat. L’opposition qualifie ce projet de « fraude », dans un pays en plein naufrage économique, ruiné par la chute des cours du pétrole.

L’Eglise catholique aussi est montée au créneau, dénonçant la semaine dernière « l’inscription dans la Constitution d’une dictature militaire, socialiste, marxiste et communiste ». Elle a appelé lundi M. Maduro à renoncer à son projet de Constituante.

Le président est également confronté à des critiques dans son camp, dont celles de la procureure générale Luisa Ortega, une chaviste entrée en dissidence, qui fustige les dérives du gouvernement. Menacée d’un procès qui pourrait conduire à sa destitution, elle devrait être fixée sur son sort cette semaine.