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Pour les étudiants, partir à l’étranger pour un échange entre universités ou écoles ou un stage représente un budget conséquent, entre billets d’avion, assurance, logement… Et les aides financières dont ils peuvent bénéficier ne varient pas seulement en fonction de leurs ressources financières, du pays, du type et de la durée du séjour envisagé : le lieu de leur établissement d’origine s’avère déterminant, puisque chaque région propose une aide dont elle fixe librement le montant, les critères d’attribution et la possibilité de cumul avec d’autres aides. Avec d’importants écarts : du côté des non-boursiers, les grands gagnants sont les étudiants de Corse et d’Auvergne-Rhône-Alpes, qui peuvent recevoir respectivement jusqu’à 9 300 euros et 7 900 euros pour une année à l’étranger, en cumulant l’aide régionale et la bourse Erasmus +. A l’inverse, leurs camarades d’Ile-de-France dont le quotient familial dépasse 19 190 euros devront se contenter de l’aide Erasmus +, versée sans conditions de ressources, et d’un montant de 150 euros à 450 euros mensuels selon le coût de la vie dans le pays d’accueil.

Côté boursiers, les deux mêmes régions sont en tête, puisqu’ils pourront cumuler les aides précitées, et même bonifiées en Auvergne-Rhône-Alpes, avec l’aide à la mobilité du ministère de l’éducation nationale, versées aux boursiers qui en font la demande auprès de leur université, et d’un montant de 400 euros/mois en 2016-2017. A noter : les étudiants boursiers continuent de recevoir la bourse du Crous pendant toute la durée de leur séjour à l’international.

Critères sociaux

Plusieurs régions imposent un plafond de ressources maximum, au-dessus duquel les étudiants ne peuvent percevoir les bourses régionales de mobilité. C’est le cas en Ile-de-France où la bourse est réservée aux étudiants rattachés à un foyer fiscal non imposable ou dont le quotient familial ne dépasse pas 19 190 euros. Même constat pour la bourse Mermoz du conseil régional des Hauts-de-France et pour le « Passmonde » de la région Normandie, pour les familles cumulant 30 000 € de revenus net imposables maximum par part fiscale. En région Nouvelle-Aquitaine, il n’y a pas de plafond strict, mais la bourse reste « destinée en priorité aux étudiants aux revenus modestes », selon le site dédié à la mobilité du conseil régional. A l’inverse, la bourse « Mobi-Centre » de la région Centre-Val de Loire est attribuée sans condition de ressource, de même que la bourse de la collectivité territoriale de Corse ou encore celle de la région Auvergne-Rhône-Alpes.

Règles de cumul

Il existe dans toutes les régions des règles qui encadrent l’attribution des bourses régionales et empêchent leur cumul avec d’autres aides financières, mais encore une fois, ces règles changent d’une région à l’autre. Ainsi, la bourse « Jeunes à l’international » de la région Bretagne n’est cumulable avec aucune autre aide financière (européenne, nationale, régionale, départementale ou locale), quand celle de la région Centre-Val de Loire l’est avec toutes les bourses, sauf celle d’Erasmus pour les séjours de stage. L’Ile-de-France, la Nouvelle-Aquitaine et les Pays de la Loire interdisent, elles, seulement le cumul avec la bourse du ministère de l’éducation nationale.

Montants variables

L’écart entre régions se retrouve également sur les montants des bourses, leurs modalités de versement et leur calcul. Certaines sont hebdomadaires, comme en Hauts-de-France, où elle peut s’élever jusqu’à 92,40 € par semaine (dégressif en fonction du quotient familial, d’un montant maximum annuel de 2 400 €), d’autres sont forfaitaires comme en Grand Est où la bourse s’échelonne de 500 à 800 € selon la durée du séjour et sa nature (études ou stage). Certaines régions offrent aussi des majorations : les étudiants boursiers des Pays de la Loire peuvent voir le montant de leur bourse doubler par rapport aux non-boursiers, et atteindre 2 000 € pour leur année à l’étranger ; la région Grand Est offre, elle, 100 € supplémentaires aux étudiants effectuant leur stage dans un pays frontalier (Allemagne, Belgique, Luxembourg, Suisse).

Le détail des aides à la mobilité internationale, région par région :

  • Auvergne-Rhône-Alpes

Pour l’année scolaire 2017-2018 l’aide à la mobilité internationale de la région Auvergne fusionne avec le programme « Explora’Sup » de la région Rhône-Alpes :
- allouée sans plafond de ressources ;
- 36 semaines maximum consécutives ;
- d’un montant de 95 € par semaine, une aide forfaitaire de 530 € s’ajoutant pour les étudiants boursiers ;
- cumulable avec toutes les autres bourses ;
- une bourse plutôt destinée aux séjours d’études mais qui peut être attribuée pour des stages si l’établissement d’origine valide le dossier.

  • Bourgogne-Franche-Comté : « Acquisis » et « Dynastage »

- attribuée en fonction du quotient familial, qui doit être inférieur ou égal à 25 830 €, et de la destination ;
- le montant est calculé selon la destination et le quotient familial : de 380 euros/mois maximum pour les séjours de stage à 230 euros/mois maximum pour les séjours d’étude ;
- pour des séjours compris entre 3 et 10 mois ;
- cumulable la bourse du ministère de l’éducation nationale ainsi que la bourse Erasmus, mais pas avec d’éventuelles autres aides régionales.

  • Bretagne : « Jeunes à l’international »

Un premier volet du dispositif s’adresse aux étudiants en BTS et DUT : il s’agit d’une bourse d’un montant mensuel de 200 € ainsi qu’une aide forfaitaire de départ de 150 €, pour des séjours de 2 mois maximum.

Concernant les étudiants de licence et master, les modalités changent :
- une bourse mensuelle de 200 € par mois ;
- pour des séjours de 80 jours consécutifs minimum et de 10 mois maximum ;
- ne peut être cumulé avec aucune autre aide publique (européenne, nationale, régionale, départementale ou locale).

Dans les deux cas, cette bourse est attribuée sans condition de ressources.

  • Centre-Val de Loire : « Mobi-Centre »

- 175 euros/mois pour un séjour en Europe et 260 euros/mois pour une mobilité hors Europe ;
- sans condition de ressources ;
- auxquels s’ajoute une majoration de 50 % si l’étudiant se rend dans une des zones prioritaires de coopération (région de Mopti au Mali ou la province du Hunan en Chine par exemple) ;
- s’adresse aux étudiants qui souhaitent effectuer une mobilité d’étude (3 mois minimum) ou de stage (4 semaines au moins) ;
- non cumulable avec les bourses Erasmus + stage.

  • Corse

- accordée sans conditions de ressources ;
- calculée sur la base de 100 € par semaine, mais le versement s’effectue en une seule fois avant le départ, selon la destination ;
- pour des séjours d’une semaine à douze mois ;
- n’est pas cumulable avec la bourse du ministère de l’éducation nationale.

  • Grand Est

Pour l’année 2017-2018 l’ancien programme « Boussole » disparaît au profit d’une aide unifiée dans tous les départements de la nouvelle région :
- aide forfaitaire, sans condition de ressources, selon la nature et la durée du séjour : 500 € pour un séjour d’étude d’au moins 16 semaines, 400 € pour les stages de 12 à 15 semaines et 800 € pour les stages de 16 semaines et plus ;
- s’y ajoute une majoration de 200 € lorsque l’étudiant est boursier, et de 100 € s’il effectue un stage dans un pays frontalier (Allemagne, Belgique, Luxembourg, Suisse) ;
- le règlement de la bourse ne fait pas mention d’une interdiction de cumuler ces montants avec une autre aide financière.

  • Hauts-de-France : « Bourse Mermoz »

- attribuée aux étudiants dont le foyer fiscal de rattachement ne déclare pas plus de 30 000 € de revenus imposables par part fiscale ;
- aide mensuelle jusqu’à 92,40 euros/semaine, le montant est dégressif selon le quotient familial ;
- ne peut être cumulée avec une autre aide financière de la région, ni avec la bourse du ministère.

  • Ile-de-France

- l’aide est réservée aux foyers non imposables ou dont le quotient familial est inférieur ou égal à 19 190 euros ;
- la bourse est mensuelle et est comprise entre 250 et 450 € ;
- elle ne peut excéder dix mois ;
- n’est pas cumulable avec la bourse du Ministère de l’éducation nationale.

  • Normandie : le « Passmonde »

- réservé aux étudiants dont le quotient familial est inférieur ou égal à 30 000 € ;
- le montant de la bourse dépend de la destination, pour le programme Erasmus + elle est constituée d’une aide forfaitaire de 200 € à laquelle s’ajoute une bourse hebdomadaire de 40 €. Pour les séjours hors Erasmus, c’est l’aide forfaitaire s’élève à 400 €, celle hebdomadaire reste identique ;
- le cumul de ces aides avec la bourse Erasmus et la bourse du ministère est possible, en revanche l’étudiant ne pourra pas bénéficier d’autres aides régionales.

  • Nouvelle-Aquitaine : « Aquitaine Cap Mobilité »

- 80 % de cette bourse est accordée principalement sur critères sociaux, mais il n’est pas nécessaire d’être boursier du CROUS. Les 20 % restant s’adressent à des étudiants qui se rendent dans des régions ciblées spécifiquement dans le cadre de politiques de coopération internationale par leur établissement, dont la liste est disponible en ligne ;
- les séjours doivent être de trois à neuf mois ;
- son montant s’élève à 400 € par mois ;
- elle n’est pas cumulable avec la bourse du ministère, ni avec la bourse Erasmus.

  • Occitanie

Malgré la fusion des régions Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées, les académies de Toulouse et Montpellier conservent des fonctionnements distincts en 2017-2018 pour les bourses régionales d’aide à la mobilité internationale.

Dans l’ex-région Midi Pyrénées, une aide est accordée :
- sur critères sociaux ;
- pour un séjour d’étude quelle que soit la destination (Europe et en dehors)
- elle est d’un montant de 70 € hebdomadaire ;
- pour les stages, c’est une aide forfaitaire qui est proposée aux étudiants : 300 € pour un séjour entre 6 et 11 semaines et 600 € pour un séjour d’au moins trois mois ;
- ces aides ne sont pas cumulables avec la bourse Erasmus.

L’ex-région Languedoc-Roussillon propose, elle, une aide régionale forfaitaire :
- elle est de 900 € lorsque l’étudiant effectue un semestre d’échange et de 1 800 € s’il part l’année complète ;
- elle n’est pas allouée sur critères sociaux et concerne tous les étudiants qui souhaitent partir en mobilité.

  • Pays de la Loire : « Envoléo »

- ce programme offre une aide forfaitaire entre 500 et 1 000 € selon les autres bourses perçues par l’étudiant, elle peut aller jusqu’à 2 000 € pour les étudiants boursiers
- le séjour doit être d’au minimum trois mois consécutifs
- toutes les destinations sont éligibles (hors outre-mer et Monaco)
- cette bourse n’est pas cumulable avec l’aide à la mobilité internationale du ministère de l’éducation nationale

  • Provence-Alpes-Côte d’Azur : « Prame »

La région PACA apportait une aide financière pour les séjours d’étude et de stage jusqu’en 2015-2016 via le programme d’aide à la mobilité étudiante (Prame), mais en 2016-2017 cette bourse s’est retrouvée limitée aux mobilités de stage. La région a mis en place une aide transitoire pour les séjours d’étude, dont on ne sait pas à l’heure actuelle si elle est reconduite pour l’année prochaine :
- cette aide est destinée aux étudiants dont le quotient familial est inférieur ou égal à 24 000 € ;
- il est nécessaire d’être étudiant dans la région depuis au moins un an, ou d’avoir obtenu son bac en PACA ;
- son montant est de 100 € maximum par semaine pour un foyer fiscal en région PACA et de 75 € si le foyer fiscal se situe hors de la région, sachant que la bourse est calculée en fonction du quotient familial ;
- le séjour doit être de 8 à 20 semaines ;
- elle n’est cumulable avec aucune autre bourse.