Les Français soulèvent le trophée de la Ligue mondiale après leur victoire en finale face au Brésil. | RODOLFO BUHRER / REUTERS

Des Bleus en or. Après 2015, la bande à Laurent Tillie, sélectionneur des tricolores depuis 2012, a accroché l’édition 2017 de la Ligue mondiale. Au terme d’un tournoi exceptionnel (12 victoires pour une seule défaite), l’équipe de France a battu la Seleçao (3 sets à 2), qui évoluait à domicile, à Curitibia, où plus de 20 000 Brésiliens étaient venus mettre une ambiance de folie pour soutenir leurs protégés. « A l’entrée des joueurs brésiliens, j’ai eu les frissons », se remémore Earvin Ngapeth, 166 sélections au compteur et MVP de la compétition. Malgré un stade entièrement conquis à la cause des « auriverdes », « galvanisés par l’ambiance », les coéquipiers de Benjamin Toniutti, capitaine des Bleus, ont fait face à la pression populaire et ont ramené la médaille d’or pour la deuxième fois dans l’histoire du volley-ball français. Mais jusqu’où peuvent-ils aller ?

De retour en France, lundi 10 juillet en milieu d’après-midi, les volleyeurs dorés ont posé leurs valises dans le restaurant La Plage parisienne, au bord de la Seine, où de nombreux journalistes et supporteurs étaient venus les accueillir. Entre deux coups de fourchette, les grands gaillards ont savouré leur victoire, qu’ils n’ont pas pu fêter dignement au pays de la samba en raison de l’heure tardive du match (23 heures au Brésil, 4 heures en France). En grands professionnels, ils se penchent déjà sur les prochains rendez-vous et sur la façon de progresser, encore et toujours. « Dans le haut niveau, on est continuellement en reconquête, déclare le sélectionneur. On est au top et on veut y rester. »

« On a plus de reconnaissance à l’étranger qu’en France », déplore Ngapeth

En dépit des résultats exceptionnels de sa génération dorée, l’équipe a encore une belle marge de progression. Les résultats aux Jeux olympiques ne sont pas encore à la hauteur des attentes. Le meilleur classement de l’histoire des Bleus dans le plus grand événement sportif du monde est une 8e place obtenue en 1988. « Avant les JO de Rio, on n’a pas fait la meilleure préparation et ça s’est vu », peste le capitaine. Fort heureusement, cette contre-performance n’a pas impacté les échéances qui ont suivi. Au contraire, le groupe s’est renforcé. Une équipe se forge aussi dans les expériences douloureuses. « Après l’échec des JO, il n’y a pas eu de cassure », confirme Earvin Ngapeth. Cette sélection est une « grande famille » et les joueurs affirment sobrement que « c’est l’expérience qui [les] fera progresser ».

L’armoire à trophées est garnie mais la reconnaissance du grand public se fait encore attendre. Si l’équipe de France a encore un cap à franchir sportivement, c’est plusieurs paliers qu’elle doit surmonter médiatiquement. Contrairement au basket, au handball et surtout au football, le volley français ne jouit pas d’une grande exposition. La finale n’était ainsi pas diffusée sur une chaîne gratuite. La vision de ce sport a certes évolué mais « on peut faire beaucoup mieux », juge Benjamin Toniutti. « On a plus de reconnaissance à l’étranger qu’en France », déplore de son côté Earvin Ngapeth.

Pour se développer, le volley doit « bénéficier d’une restructuration globale. Il faut que la fédération se réorganise de façon à mieux accompagner l’équipe de France, que les médias suivent encore plus l’équipe », souligne Laurent Tillie. L’organisation d’une compétition majeure en France pourrait accélérer le mouvement, à la manière de la Coupe du monde 1998, ou dans une moindre mesure, l’Euro 2017 de handball. « J’espère qu’on aura l’Euro 2019 », rêve le meilleur joueur du tournoi.

En attendant, la team « Yavbou » va prendre un peu de repos. Puis se remettre rapidement dans le bain avant de défendre son titre lors du prochain championnat d’Europe, qui se déroule du 23 août au 3 septembre prochain, en Pologne. Objectif : un doublé, comme en 2015.