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« Au-delà des indéniables bénéfices, faire un stage, ça a aussi un coût », voilà ce que rappelle une pétition mise en ligne à la fin de juin sur Change.org, qui a recueilli plus de 26 000 signatures. Logement, transport, courses… des dépenses que ne permettent pas de couvrir les indemnités de stage, obligatoires que s’il dure au moins deux mois, et dont le montant minimal est de 3,60 euros de l’heure, soit environ 554 euros par mois à temps plein. Pour Marine Dufour, ex-stagiaire à l’origine de la pétition, cette faible rémunération engendre des inégalités entre les étudiants qui bénéficient du soutien financier de leurs parents et sont ainsi en mesure d’accepter des stages dans de grandes entreprises souvent installées en Ile-de-France, et ceux qui, ne pouvant se permettre de gagner si peu, sont cantonnés à des stages moins prestigieux, proches de chez eux, car « sans pied à terre », il est très difficile pour les étudiants les plus modestes de trouver un stage dans une grande ville. « J’ai des proches qui ont refusé des stages dans des boîtes super parce que c’était impossible de vivre avec si peu d’argent », témoigne Marine Dufour.

La jeune diplômée en marketing espère que la pétition permettra d’intégrer un volet consacré aux stagiaires dans la loi travail II. Elle suggère par exemple la mise en place d’une « grille d’indemnisation », qui intégrerait trois critères : la localisation, la taille de l’entreprise et ses moyens. C’est une question « d’égalité » pour Marine Dufour : sur un marché du travail difficile d’accès, les étudiants qui n’ont pas pu réaliser de stages ou qui n’ont pas eu accès aux grandes entreprises, « ne peuvent pas rentrer dans la vie professionnelle ». « C’est une obligation morale pour les entreprises qui en ont les moyens », insiste la jeune femme.

Les stagiaires avaient déjà commencé à s’organiser en 2005 avec le collectif Génération précaire. L’association dénonçait il y a plus de dix ans le recours systématique aux stagiaires dans certaines entreprises. Une pratique qui bloque l’embauche et est illégale : un stage ne peut se substituer à un emploi. En décembre 2011 plusieurs membres de Génération précaire, le visage recouvert d’un masque blanc, avaient ainsi distribué des tracts à l’entrée des Galeries Lafayette afin de dénoncer le recours à plusieurs vendeurs stagiaires pour faire face à la hausse d’activité du grand magasin pendant les fêtes de fin d’année. L’association s’était félicitée de la loi sur les stages de 2014. Très actif sur les réseaux sociaux, elle a d’ailleurs apporté son soutien à la pétition et à l’action de Marine Dufour.

Plus récemment, c’était la non-rémunération des stagiaires à l’ONU qui avaient fait scandale. En 2015, David Hyde, un étudiant néo-zélandais en stage à Genève dans la prestigieuse institution avait campé deux semaines au bord du lac Léman pour dénoncer ses conditions d’embauche avant de démissionner. Depuis, la situation a peu évolué : des stagiaires de l’ONU ont à nouveau manifesté à New York, Washington et Genève en février pour dénoncer le recours systématique aux stages non payés.