Le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, à Kiev, le10 juillet. | VALENTYN OGIRENKO / REUTERS

Rouvert en avril 2016, le difficile dialogue entre la Russie et l’OTAN se poursuit vaille que vaille et une réunion diplomatique au siège de l’Alliance atlantique, jeudi 13 juillet, à Bruxelles, a permis à son secrétaire général, Jens Stoltenberg, d’affirmer que les deux camps s’engagent mutuellement sur un objectif : « Défendre la paix. »

Ils se sont, en tout cas, promis de s’informer sur leurs manœuvres et leurs opérations de survol, sans toutefois lever toutes les ambiguïtés : les vastes exercices russes prévus pour septembre inquiètent par leur ampleur (100 000 hommes, selon l’OTAN), mais ne représenteraient pas « une menace imminente pour un allié », dit M. Stoltenberg, sans citer l’Ukraine. Le Conseil OTAN-Russie est un cénacle qui a oublié ses objectifs initiaux – la coopération et le partenariat – mais où les diplomates se parlent encore. Il s’est réuni à quatre reprises depuis avril 2016, après avoir été suspendu pendant deux ans, à la suite de l’annexion de la Crimée.

Plutôt que de dégel, il s’agit d’une « drôle de paix », confirme un diplomate. La rencontre a, il est vrai, évité les points de plus forte tension. Le déploiement de missiles Patriot américains en Lituanie et, bientôt, en Roumanie, le conflit en Syrie ou l’hypothétique adhésion de l’Ukraine à l’Alliance. Et si le dossier de l’Afghanistan a été évoqué, c’est en vue de « réduire les risques », affirme M. Stoltenberg. Pas pour évoquer le soutien que Moscou fournirait, selon le Pentagone, à des groupes d’insurgés.

« Violation du droit international »

Le fil du dialogue n’est donc pas rompu, mais il demeure beaucoup de sujets qui fâchent. « Impossible d’en revenir à des relations normalisées tant que Moscou violera le droit international », commente l’OTAN. Par ailleurs, la décision d’un pays qui possède la deuxième armée de l’Alliance va causer des difficultés additionnelles : la Turquie aurait finalement décidé d’acquérir, pour renforcer sa capacité de défense antiaérienne, des missiles S-400 de fabrication russe, selon l’agence Bloomberg jeudi. Ces matériels, qu’Ankara devrait acquérir pour l’équivalent de 2,19 milliards d’euros, sont toutefois incompatibles avec les équipements de l’OTAN.

Lire l’entretien avec Gareth Jenkins : « Erdogan veut une armée à sa botte »

« L’interopérabilité [la compatibilité] est fondamentale car liée à la capacité des alliés de conduire des opérations ensemble », indique l’organisation, sans confirmer la décision de la Turquie. Celle-ci aurait été prise trois jours après que le secrétaire d’Etat américain, Rex Tillerson, a plaidé pour un apaisement des relations Washington-Ankara.