Cette semaine, plongez dans le formidable documentaire, récompensé aux Oscars, consacré au destin d’O.J Simpson, icône du sport américain, découvrez ces mineurs isolés étrangers sur lesquels on ferme les yeux de manière scandaleuse ou écoutez l’écrivain-voyageur Sylvain Tesson qui vogue de texte en île, entre Illiade et Odyssée.

O.J. Simpson, l’Amérique et ses démons

Le lundi 13 juin 1994, il n’y a guère de doute pour les journalistes américains qui suivent l’affaire : O. J. Simpson, une des gloires du football américain, a bel et bien tué, chez elle, la veille, à coups de couteau, son ex-épouse Nicole et un serveur de restaurant qui a eu la malchance de lui rapporter les lunettes qu’elle avait oubliées dans son établissement…

Une semaine plus tard, O. J. Simpson doit se présenter à la police, pour y être inculpé, mais il prend la fuite avec un ami. Pris en chasse par la police, l’ex-champion, qui tient un pistolet contre sa tempe, menace de se suicider. La course-poursuite est suivie à la télévision par des millions d’Américains. O. J. Simpson ne se rend aux autorités qu’une fois arrivé chez lui.

S’ensuit un procès-fleuve de onze mois (de novembre 1994 à octobre 1995) intégralement diffusé sur CNN.

De nombreux documentaristes avaient déjà tenté de le récapituler. Le réalisateur Ezra Edelman a fait mieux : son film en cinq épisodes, de près de huit heures, replace ce procès dans son contexte, celui d’une société américaine minée par la question raciale, la violence conjugale, l’hypermédiatisation et la toxicité de la culture des célébrités.

Couronné aux Oscars en février, le documentaire retrace le destin de cette icône du sport américain sans jamais perdre de vue la trame de l’histoire sociale américaine. Une mise en parallèle finement ficelée qui permet de mieux cerner la personnalité complexe de celui que les Américains surnommaient « The Juice ». Antoine Flandrin

O. J. Simpson : Made in America, d’Ezra Edelman (EU, 2016, 5 × 90 minutes). Sur Arte+7

Enfance en exil

Bande-annonce "J'ai marché jusqu'à vous - récits d'une jeunesse exilée" (52mn / 2016)

Ils sont invisibles parce que la ville préfère fermer les yeux. Autour de la gare Saint-Charles de Marseille, pourtant, la caméra de Rachid Oujdi a su débusquer les nouveaux enfants des rues. Ceux qui n’ont même pas un sac de couchage, parce qu’ils débarquent ici sans bagage, hagards après avoir traversé deux, trois ou six pays. On les appelle les « MIE ». Ces « mineurs isolés étrangers » seraient 8 000 en France. Le réalisateur de ce Récit d’une jeunesse exilée a suivi un petit groupe, les a vus se présenter au Service d’accueil et d’accompagnement des mineurs étrangers non accompagnés et en repartir souvent sans solution.

Sans fioritures ni sanglots, celui qui avait déjà raconté les chibanis, ces travailleurs immigrés maghrébins retraités (Perdus entre deux rives, les chibanis oubliés, 2014), com­me des hommes entre deux mondes, raconte ces gamins en souffrance. Tous ressentent combien il est dur d’arriver en France seuls, en 2017, quand on a 13 ou 15 ans ; combien la rue est dangereuse pour eux, proies si faciles des réseaux.

Engagé, ce documentaire inclut aussi la révolte citoyenne de ceux qui se heurtent au mur de l’administration. Le médecin, l’éducateur… tous arrivent à la même conclusion : seule une mobilisation citoyenne pourra permettre d’héberger les quelques dizaines d’enfants que l’administration n’a pas prévu de mettre à l’abri. Pourquoi celle-ci pousse-t-elle à « agir aux marges », s’interroge l’un d’eux ? S’il n’apporte pas de réponse, le beau travail de Rachid Oujdi a le mérite de poser la question. Maryline Baumard

Récit d’une jeunesse exilée, j’ai marché jusqu’à vous, de Rachid Oujdi (Fr., 2016, 55 min). A revoir sur LCP.fr

Un été avec Homère

France Inter

Depuis le 1er juillet et jusqu’au 27 août, dans le cadre des programmes que France Inter a spécialement conçus pour l’été, l’écrivain-voyageur Sylvain Tesson nous propose de voguer de texte en île, entre Illiade et Odyssée. Que se déploie la guerre sur la plaine de Troie ou qu’Ulysse engage son retour vers Ithaque, Sylvain Tesson se fait témoin, chaque semaine, pour conter la colère ou la fourberie des dieux, les actes héroïques ou regrettables des guerriers, sans oublier qu’amour, gloire et beauté sont de la partie.

Comment, et pourquoi un récit vieux de plus de 2 500 ans résonne-t-il encore à nos oreilles avec tant de vigueur ? Pourquoi les récits d’Homère nous parlent-ils autant de notre présent et même de nos lendemains ? D’une voix chaude, Sylvain Tesson s’adresse directement à l’auditeur pour évoquer son très vieux compagnon d’aujourd’hui, Homère. Martine Delahaye

En podcast su France Inter, ou chaque samedi, à 19 h 20, pendant quarante minutes.