Une jeune Yéménite reçoit une dose de vaccin contre la polio, en février 2017, dans la capitale Sanaa. | MOHAMMED HUWAIS / AFP

Dans le monde, 12,9 millions d’enfants, soit près d’un sur dix, n’ont reçu aucun vaccin en 2016, déclarent l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) dans un communiqué commun publié lundi 17 juillet. Ces enfants sont donc particulièrement exposés à trois maladies potentiellement mortelles : la diphtérie, le tétanos et la coqueluche. Parmi les enfants ayant reçu la première dose de ces vaccins, environ 6,6 millions n’ont pas complété la séquence des trois doses initiales DTCoq et ne bénéficient pas d’une protection suffisante. La vaccination éviterait de 2 à 3 millions de morts dues à la diphtérie, au tétanos, à la coqueluche ou à la rougeole, selon l’OMS.

Globalement, les données des organisations onusiennes permettent de constater que 139 des 194 Etats membres de l’OMS ont atteint, voire dépassé, le taux national de 90 % de vaccination DTCoq chez les enfants, qui constitue l’objectif fixé par le Plan d’action mondial pour les vaccins 2011-2020. Un succès indéniable, d’autant que, comme le souligne Ties Boerma, directeur du département statistiques sanitaires et systèmes d’information à l’OMS, dans la préface au rapport State of Inequality : Childhood Immunization, les taux de vaccination ne diffèrent quasiment plus entre garçons et filles.

Environnement précaire

A l’inverse, dans les 64 pays restants, 10 millions d’enfants auraient besoin d’être vaccinés pour atteindre une couverture de 90 %. « La plupart des enfants qui restent non vaccinés, sont les mêmes que ceux qui sont les laissés-pour-compte du système de santé », a déclaré le Dr Jean-Marie Okwo-Bele, directeur de la vaccination, des vaccins et des produits biologiques à l’OMS. En effet, sur la cible des 10 millions d’enfants qu’il faudrait vacciner pour atteindre la couverture de 90 %, 7,3 millions vivent dans un environnement précaire ou de crise humanitaire, notamment des pays touchés par des conflits. Significativement, « quatre millions d’entre eux se trouvent dans trois pays : Afghanistan, Nigeria et Pakistan, où l’accès aux services de vaccination courante est décisif pour parvenir et maintenir l’éradication de la poliomyélite », estime l’OMS.

Huit pays n’atteignaient pas une couverture vaccinale DTCoq de 50 % : Guinée équatoriale, Nigeria, République centrafricaine, Somalie, Soudan du sud, Syrie, Tchad et Ukraine. Néanmoins, l’OMS attire l’attention sur les inégalités persistantes au sein d’un même pays. Comme le remarque Ties Boerma, même dans des pays présentant un taux de couverture élevé on retrouve des écarts importants selon le niveau socio-économique et le niveau d’éducation. Le rapport précise ainsi que le Nigeria est le pays ayant la plus grande marge d’amélioration : si les inégalités de vaccination, liées à des facteurs économiques, étaient éliminées, le taux de couverture progresserait de 40 points. Pour l’Ethiopie, le Laos et la République centrafricaine, la marge de progression est d’au moins 25 points.

Cependant, la tendance globale paraît aller dans le bon sens : « Il y a généralement moins d’inégalités à présent qu’il y a dix ans », constate l’OMS.

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