Le « zombifiant » hand spinner. | Carlos Osorio / AP

Parents et enseignants ne sont pas les seuls à devenir fous à la vue d’un « hand spinner ». Ce gadget, devenu invraisemblablement populaire dans les cours de récré de nombreux pays en l’espace de quelques mois, est une sorte de toupie que l’on fait tournoyer entre ses doigts grâce à un système de roulement à billes.

A l’origine, il aurait servi à canaliser les enfants souffrant d’autisme, même si aucune preuve scientifique ne démontre son efficacité. Mais pour certains journalistes russes, le dessein de ce bout de plastique est tout autre.

Le 12 juillet, la chaîne Rossiya 24, très proche du Kremlin, consacrait une émission aux dangers du jouet. Le présentateur Alexeï Kazakov, dont les propos ont été repérés par le magazine américain Newsweek, déclare que les petits objets tournoyant, tout droit venus des Etats-Unis, sont « zombifiants » et « rendent les gens sensibles à la manipulation ». Des objets « zombifiants », car ils empêchent la pensée critique et aboutissent à une sorte d’« hypnose ». Il ajoute :

« Ça n’est probablement pas une coïncidence qu’ils aient commencé à vendre ces toupies pendant des événements organisés par l’opposition. »

« Qui peut donc promouvoir le hand spinner si massivement ? »

Il faisait référence au rassemblement organisé par le leader de l’opposition Alexeï Navalny, le 12 juin, où des hand spinners auraient, selon ses informations, été distribués à la foule qui manifestait contre le pouvoir de Vladimir Poutine. Le journaliste indépendant Alexeï Kovalev a été l’un des premiers à dénoncer ces insinuations :

« Ça vient de tomber, sur Rossiya 24 : l’opposition fait la promotion des Alexeï, une invention américaine. »

Relier les hand spinners à l’opposition, sous-entendant qu’elle était directement financée par les Etats-Unis, est apparu à l’antenne de Rossiya 24 dans un autre programme de la chaîne diffusé le mois dernier. Le même Alexeï Kazakov notait qu’ils « avaient souvent été vus entre les mains des membres de l’opposition », tandis que son collègue Nikolay Sokolov brandissait l’un de ces bibelots en faisant remarquer les écritures en anglais et l’absence d’inscriptions russes.

« Pourquoi la toupie est si populaire en Russie en ce moment est un mystère. Qui pourrait donc la promouvoir si massivement ? » se demandait le reporter, qui note avec suspicion que le succès du jouet est à son acmé en Russie, alors qu’il décroît en Occident…