Le président d’honneur du Front national, Jean-Marie Le Pen, le 18 juillet à Marignane. | FRANCK PENNANT / AFP

Jean-Marie Le Pen sera jugé pour ses propos sur la « fournée ». Le président d’honneur du Front national (FN) est renvoyé devant le tribunal correctionnel pour « provocation à la haine raciale » pour ses propos tenus en 2014 a appris l’Agence France-Presse (AFP), mardi 18 juillet, de source proche du dossier.

Le vice-président du parti, Jean-François Jalkh, est également renvoyé, pour le même motif, en tant que directeur de publication du site du Front national, où avaient été d’abord diffusés ces propos, a précisé une source judiciaire à l’AFP.

Coutumier des poursuites judiciaires pour ses déclarations, Jean-Marie Le Pen s’en était pris en juin 2014 dans une vidéo aux artistes engagés contre ce parti, comme Guy Bedos et Madonna. A l’évocation du nom de Patrick Bruel, d’origine juive, il avait déclaré : « Ecoutez, on fera une fournée la prochaine fois ! »

« Imbéciles »

Jean-Marie Le Pen avait été mis en examen en février, après que le Parlement européen avait levé fin octobre son immunité parlementaire. Son avocat, Frédéric Joachim, avait dénoncé des poursuites fondées sur des propos « volontairement tronqués », auxquels est attribuée une connotation qu’ils n’ont pas.

« Le mot “fournée” que j’ai employé n’a évidemment aucune connotation antisémite, sauf pour des ennemis politiques ou des imbéciles, avait réagi Jean-Marie Le Pen à l’époque. S’il y a des gens de mon camp qui l’interprètent de cette manière, c’est que ce sont des imbéciles ! »

Cette phrase avait suscité des critiques virulentes au sein même du FN, sa présidente Marine Le Pen estimant qu’il s’agissait d’une « faute politique » et Louis Aliot, un des vice-présidents du parti d’extrême droite, qualifiant le choix de ce terme de « stupide politiquement et consternant ».

« Je me réjouis de ce renvoi puisque en raison de l’immunité parlementaire de M. Le Pen l’affaire avait un peu traîné », s’est félicité Gilles-William Goldnadel, l’avocat à l’origine d’une plainte déposée par le Congrès juif européen. Le Bureau national de vigilance contre l’antisémitisme est également partie civile dans cette affaire.