Les corps ont été retrouvés proches l’un de l’autre, avec à leurs côtés des sacs à dos, une bouteille, un livre et une montre. | AP

Un couple disparu depuis soixante-quinze ans dans le massif des Diablerets, dans le sud de la Suisse, a été retrouvé momifié dans les neiges d’un glacier, une découverte qui va permettre aux enfants survivants de faire enfin leur deuil.

Les corps parfaitement conservés gisaient, proches l’un de l’autre, avec à leurs côtés des sacs à dos, une bouteille, un livre et une montre, a raconté au quotidien suisse Le Matin le directeur du domaine skiable Glacier 3000, Bernhard Tschannen.

C’est un employé du domaine qui, lors d’une visite d’inspection à proximité du téléski du Dôme, jeudi 13 juillet dans la soirée, a aperçu un monticule qui ressemblait de loin à un amas de pierres. « Il s’agissait d’un homme et d’une femme portant des vêtements datant de la période de la dernière guerre mondiale, a déclaré M. Tschannen. La glace les a parfaitement préservés et leurs affaires étaient intactes. » Le directeur du domaine skiable pense que le couple est probablement tombé dans une crevasse et que le glacier a rendu les corps à la faveur de la fonte des glaces.

Le lieu de la découverte dans le glacier de Tsanfleuron, à 2 615 mètres d’altitude, est proche d’un ancien chemin pédestre reliant les cantons de Berne et du Valais. Vendredi matin, la police de Sion a redescendu les corps dans la plaine par hélicoptère et a demandé à l’institut de médecine légale de Lausanne de procéder à leur identification.

« J’ai attendu, mais ils ne sont jamais rentrés »

Selon Le Matin, il s’agirait d’un cordonnier de 40 ans, Marcelin Dumoulin, et de sa femme Francine, institutrice de 37 ans, qui étaient partis à pied le 15 août 1942 du village de Chandolin pour aller voir leur bétail dans les montagnes. 

« Je les ai vus partir ce samedi matin-là. Il faisait un temps radieux. Ils devaient passer la nuit sur l’alpage de Grilden et rentrer le dimanche », a raconté à l’Agence France-presse (AFP) Monique Gautschy, une des deux filles du couple, aujourd’hui âgée de 86 ans et qui avait 11 ans à l’époque. « Tout d’un coup, un gros nuage noir a recouvert le glacier dans l’après-midi. Mon oncle a juste eu le temps de voir mes parents une dernière fois avec ses jumelles, se souvient-elle. J’ai attendu jusqu’au lundi matin, mais ils ne sont jamais rentrés. »

Après deux mois et demi de recherches infructueuses, les sept enfants – cinq garçons et deux filles âgés de 2 à 13 ans – ont dû être placés dans des familles d’accueil. Seule la fille cadette Marceline, qui avait 4 ans à l’époque, a pu être adoptée par une tante.

« Je me demandais constamment ce qu’ils étaient devenus »

« C’était la première fois que ma mère accompagnait mon père pour une telle excursion, a confié au Matin Marceline Udry-Dumoulin. Elle avait toujours été enceinte auparavant et ne pouvait pas effectuer des déplacements dans des conditions météorologiques aussi dures que celles du glacier. » « Je suis montée trois fois sur le glacier par la suite, toujours à leur recherche. Je me demandais constamment s’ils avaient souffert et ce qu’ils étaient devenus. J’ai le bonheur d’avoir des réponses à ces questions désormais », a-t-elle ajouté.

« J’ai téléphoné à la police hier et ils m’ont dit qu’à 99 %, ce sont bien mes grands-parents qu’on a retrouvés, mais qu’il fallait encore attendre les résultats des tests ADN ce vendredi pour en avoir le cœur net », a assuré Maryline Dumoulin, précisant que sa tante Marceline avait donné son ADN lundi. « La police m’a dit que les corps étaient encore congelés, mais on pourra reconnaître la montre de mon grand-père et aussi les sacs à dos, car c’est lui qui les confectionnait en cuir de vache. »