Devant la cour d’appel de Salé, le 13 mars 2017, des Marocains protestent contre les personnes accusées du meurtre de 11 soldats et gendarmes tués en 2010 dans le camp de Gdeim Izik, près de la ville de Laayoune, au Sahara occidental. | FADEL SENNA / AFP

La justice marocaine a prononcé, mercredi 19 juillet, des peines allant de deux ans de prison à la perpétuité à l’encontre de 25 Sahraouis accusés d’avoir tué onze membres des forces de l’ordre marocaines en 2010.

Le procès de Gdeim Izik, ouvert en décembre 2016 devant une juridiction civile, revêtait un caractère sensible avec, en toile de fond, le dossier du Sahara occidental, ancienne colonie espagnole contrôlée en grande partie par le royaume, et dont le Front Polisario, soutenu par l’Algérie, réclame l’indépendance depuis plus de quarante ans.

Le verdict a été rendu à l’aube par la chambre criminelle de la cour d’appel de Salé, près de la capitale Rabat, a rapporté l’agence de presse MAP, qui n’a donné aucune autre précision.

Ce procès tire son nom du camp de déplacés de Gdeim Izik où avaient été tués les onze policiers et gendarmes marocains près de la ville de Laayoune, au Sahara occidental.

Le Maroc et le Front Polisario s’étaient accusés mutuellement d’avoir provoqué les affrontements meurtriers qui avaient éclaté entre forces de l’ordre et manifestants sahraouis.

« Aveux signés sous la torture »

A l’issue d’un premier procès organisé en 2013 devant un tribunal militaire, les 25 accusés avaient été condamnés à des peines allant de vingt ans de réclusion à la perpétuité.

Face aux contestations d’ONG et de proches des condamnés, et à la suite d’une réforme de la justice militaire marocaine, l’affaire avait été renvoyée devant une juridiction civile.

Le 13 mars 2017, des militants pro-Sahara occidental devant la cour d’appel de Salé, durant le procès de 25 Sahraouis accusés d’avoir tué 11 membres des forces de l’ordre marocaines en 2010. | FADEL SENNA / AFP

Durant le procès, les deux parties ont donné une version radicalement opposée des faits et les débats ont été marqués par des moments de vives tensions dans la salle d’audience comme aux abords du tribunal.

Tout au long du procès au civil, les autorités marocaines ont mis en avant la « transparence » et « l’équité » des débats, ouverts à la presse et en présence d’observateurs internationaux.

Mais, mi-mai, les accusés et leur défense s’étaient retirés du procès pour dénoncer des « irrégularités ». Les accusés refusaient depuis lors de comparaître.

L’Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (ACAT) a fustigé de son coté un « procès inique », dénonçant notamment des « aveux signés sous la torture ». Mardi, Amnesty international et Human Rights Watch ont appelé à « veiller » à ce que les jugements « ne se fondent pas sur des aveux (…) extorqués sous la torture ou les mauvais traitements lors d’interrogatoires policiers ».