Le député et nouveau chef du Parti libéral-démocrate britannique, Vince Cable, sur un plateau de la BBC à Londres, en Grande-Bretagne, le 9 juillet 2017. | HANDOUT / REUTERS

  • Son nom sera dévoilé à l’heure du thé ce jeudi, à l’hôtel Westminster, mais il ne surprendra personne : c’est Vince Cable qui endossera les habits de chef des libéraux-démocrates, au Royaume-Uni. Il s’apprête à succéder à Tim Farron à la tête du parti europhile, coincé entre les tories conservateurs et les travaillistes à gauche. L’ancien ministre de l’industrie, 74 ans, ambitionne de rafler aux tories la deuxième place au palmarès des grands partis. BBC, Sky News
  • Le député de Twickenham deviendra le plus vieux leader d’un grand parti britannique, depuis Winston Churchill, souligne The Times. Ironie du sort, il était vu comme trop âgé pour le poste il y a dix ans, face à Nick Clegg, qui lui fut préféré. Après sa défaite électorale aux législatives de 2015, il avait décidé de se retirer de la politique. Le vétéran du LibDem a été rappelé à la faveur de la crise que traversent le pays et les partisans de l’UE.
  • Son prédécesseur, Tim Farron, en fonction depuis tout juste deux ans, a démissionné peu après les législatives anticipées convoquées par la première ministre, Theresa May, en juin. Cet anglican pratiquant de 47 ans avait mené une étrange campagne, dominée par le conflit entre sa foi et la politique libérale de son parti quant aux relations homosexuelles, et échoué à imposer un message résolument pro-européen. Selon les règles internes du parti, son chef doit être un député. Hormis M. Farron, onze candidats pouvaient donc se lancer dans la course. BuzzFeed News
  • Mais le poste semble peu attractif cette année. Le principal concurrent de M. Cable, l’ancien ministre de l’énergie Ed Davey, a jeté l’éponge pour passer du temps avec sa famille. Jo Swinson, autre candidate crédible, a préféré devenir chef adjoint. L’ancien ministre de la santé Norman Lamb estime que ses positions sur le Brexit ne correspondent pas à celles des militants de base, et les autres n’auraient même pas envisagé l’option. C’est donc davantage un couronnement qu’une compétition.
  • Cette absence de concurrence, et donc de débat, inquiète les militants, d’après le New Statesman. Les désaccords persistent sur le fait que les élections aient été bonnes ou mauvaises pour le parti. Le LibDem a gagné douze sièges, soit trois de plus qu’en 2015, mais a reculé en termes de voix. Les tenants de la déroute se divisent ensuite sur ses causes : Tim Farron, avec la polémique sur le péché et les LGBT, ou le calendrier, peu favorable au message anti-Brexit.
  • La base s’interrogerait aussi sur la personnalité de l’unique candidat. M. Cable ferait montre d’une candeur excessive, quand il affirme par exemple que le Brexit s’explique principalement par le vote des personnes âgées effrayées de voir des Turcs débarquer dans leur village, ou que l’appartenance raciale et le genre ne sont plus des enjeux aujourd’hui.
  • Ces doutes ne semblent pas affecter le nouveau dirigeant, déjà à l’œuvre pour reconstruire son parti. Pour lui, les pro-Brexit commencent seulement à comprendre la complexité du processus de sortie de l’UE. Il a beau jeu de pointer les dissensions au sein du gouvernement, certains ministres ayant réclamé une approche moins dogmatique, et réclame un second référendum pour légitimer le revirement du pays. Vince Cable compte prendre aussi la tête de l’alliance anti-Brexit. The Guardian, Politico