Florence Parly, ministre des armées, François Lecointre, chef d’état-major des armées, et Emmanuel Macron, sur la base aérienne d'Istres (Bouches-du-Rhône), le 20 juillet. | PATRICE TERRAZ / SIGNATURES POUR LE MONDE

La ministre des armées se bat, fait savoir son entourage, et elle annoncera bientôt un dégel partiel de ses crédits bloqués par Bercy. Est-ce une bonne nouvelle après l’annulation immédiate de 850 millions d’euros annoncée le 11 juillet par le gouvernement, qui a provoqué la démission du chef d’état-major Pierre de Villiers ?

Au 20 juillet, le budget de la défense est toujours affiché à 32,7 milliards d’euros pour 2017. Mais Florence Parly, qui a évoqué sur TF1 les « impasses budgétaires aménagées par (s)es prédécesseurs », doit trouver des économies sur les équipements à hauteur des 850 millions, et dégager les moyens de payer les opérations militaires en cours. Son budget reste, en outre, sous la menace de 1,9 milliard d’euros de gels.

Il lui faut aussi dégager 300 millions pour payer les nouvelles recrues et les primes d’opérations des soldats ; et décrocher 250 millions de « recettes exceptionnelles » (cessions immobilières ou autres) par nature incertaines. Enfin, le ministère devra s’endetter un peu plus, en différant le paiement de ses fournisseurs par un « report de charges » record de 3,5 milliards fin 2017.

La ministre espère obtenir un dégel immédiat de 1 milliard, et le reste en fin d’année. Priorités ? Le renseignement, les infrastructures militaires qui sont dans un état déplorable, et la recherche-développement qui fait vivre les bureaux d’études des industriels du secteur. Pour les économies, elle compte serrer la gestion de la Direction générale de l’armement, renégocier des contrats industriels, et différer des commandes.

Un effort à 2 % du PIB en 2025

Motivée par la lutte contre le terrorisme, la loi de finances pour 2017 a marqué une progression inédite pour un ministère qui se contracte depuis la fin de la guerre froide. En 2018, les armées toucheront 34,2 milliards d’euros, « c’est + 5,25 %, plus que la progression du PIB et l’inflation, le seul budget qui augmentera en volume », a insisté le premier ministre, Edouard Philippe.

Cet effort financera les décisions prises par François Hollande en 2016, des mesures nouvelles (200 millions d’euros) pour la protection des forces, et la première marche conduisant à un effort à 2 % du PIB en 2025, soit 50 milliards. Pour cela, il faudra ensuite trouver 2 milliards d’euros de plus par an. Mais les seules mesures Hollande coûteront encore 2,3 milliards sur 2018 et 2019…

Bercy, admet le ministère, pourrait donner un deuxième coup de rabot en novembre. La seule promesse qui peut être ferme, rappelée par le président Macron jeudi, est que « la solidarité en gestion pour 2017 » imposée à la défense n’aura pas d’impact pour le quotidien des forces.